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UNE NOCE. 139 — Nous avons un mouton blessé; Mademoiselle est à Té- tanie; elle le soigne. Frédéric sourit avec élonnement ; sans être coquette, Louise était fort soignée et toujours mise avec goût, et il ne se figu-, rail pas sans quelque peine sa cousine qu'il n'avait vue que dans son salon du quai Castellane, occupée à panser un mou- ton à laine grasse et brune dans une étable à bœufs. — Est-elle loin d'ici demanda-t-il enfin? — Non, Monsieur, à droite dans la cour des fermiers ; mais si Monsieur veut attendre, je puis prévenir Mademoiselle et Madame Girard de son arrivée. — Non, merci, dit Frédéric qui se disposait ù sortir lors- que l'arrivée de la belle-sœur de Louise le retint au salon. — Eh! bonjour, dit MmeGirard, bonjour, mon cher mon- sieur Frédéric; vous nous surprenez tout à . fait, car nous ne vous attendions pas si tôt ; mon beau-père allait envoyer son break à la gare seulement au train de cinq heures. — Où- est Mlle Louise, Batiste? — A l'étable, Madame. — Prévenez-la de l'arrivée de M. Husson. Batiste sorti, Mme Olympe Girard, que son séjour à la cam- pagne rendait avide de nouvelles, car elle était curieuse au- tant que son beau-père et Louise l'étaient peu, se mit à ques- tionner Frédéric qui avaitpeine à répondre à ses mille deman- des. S'amusail-on à Lyon? on devait s'y amuser, à coup sûr, plus que dans ce triste village. Qu'y disait-on surtout? Quel était le bruit du jour? Quanta elle, elle périssait d'ennui aux Grandières où rien ne se savait, où personne, hors elle, ne s'intéressait aux choses du dehors. Réduit au silence par l'abon- dance e( le développement des questions qui lui étaient adres- sées, le jeune homme écoutait patiemment Mme Girard, lors- que l'entrée de Louise interrompit le flux de paroles que sa belle-sœur ne semblait pas disposée à arrêter.