page suivante »
CHRONIQUE LOCALE. • 359 nière station de l'omnibus. C'est cette frontière extrême du couchant q; e nous avons franchie l'autre jour ; c'est un bien autre et plus lointain voyage que nous avons entrepris hier au levant; duquel parler ? L'autre jour!... l'espace va nous manquer pour décrire hier et l'autre jour! l'cmbairas est grand; lequel couler, lequel omettre? Mornant que nous avons découvert seul ? ou le Plantay que nous avons trouvé de moitié avec une immense populaliun? Mornant cl les vertes montagnes qui le sé- parent du Forez ? Le Piaula}', cl la triste plaine de la bombes? Mornant et ses gaies maisons sur la colline, son élégante église, œuvre de M. Bossan, son antique el gigantesque clocher, vieu^ débris d'un autieâge, ses vitraux de Maréchal, de Metz,ses boiseries de M. Bernard, de Lyon, sa Fanfare, son ad- mirable chœur de jeunes fill. s à qui nous n'avons rien à < emparer dans notre grande cite? Le Plantay avec ses mornes biouillards qui portent la fièvre et la mort, ses vastes étangs qui ressemblent à des lacs, ses forêts profondes de bouleaux, ses troupeaux de blanches oies errant sans gardiens dans les rua- réea&es, ses grosses fermes isolées, son maigre et petit bétail, ses routes qui suivent la berge des étangs? Mornant, ses vastes horizons, ses beaux points de vue, et sa vieille tour féodale qui domine le bourg, sombre pri- son aux murs épais, où gémit encore de loin en loin quelque ivrogne à moitié mort ou quelque vagabond éperdu, convaincu de mendicité e! qu'on détient avec une inflexible rigueur jusqu'au lendemain? Mornant et ses vieux aqueducs romains, ses sarrasinières, vastes souterrains que les plus hardis n'osent explorer? Le Plantay avec son nouveau couvent de Trappis- tes, inauguré dimanche dernier, ses cloîtres inachevés, sa belle église à peine finie et, voyez le hasard, ici encore dans cette construction moitié byzantine, moitié arabe, nous rencontrons la main de M. Bossan. Un ani- mal célèbre mourut de faim entre deux boisseaux d'avoine ; entre deux voyages que nous aurions du charme à ^décrire, 41 va nous être impossible de faire une chronique locale un peu intéressante. Le blanc de nos pages s'enfuit et nous n'avons rien dit. Un espoir nous décide ; le vénérable pas- teur de Mornant nous a promis une histoire de ce bourg qui nous arrivera prochainement. La description de celte belle contrée, de ces pittoresques montagnes accompagnera son récit. Hà tons-nous donc de consigner dans les lignes qui nous restent cette solennelle et touchante cérémonie qui avait soulevé toute la Dombcs et dont nous venons d'être témoin. Le Plantay l'emporte; nous sacrifions le beau à l'émouvant; à l'archéologue, au pein- tre, nous dirons : Faites ce que nous avons fait ; allez visiter TanUquc pe- tite ville qu'un duc d'Autriche détruisit en l'an mille, alors que l'Europe entière se croyait au momeui de périr ; au philosophe, à l'homme reli- gieux, nous dirons : Faites le pèlerinage de Nolre-l/ame des Doinbcs. Voilà ce que nous y avons vu hier : Le 3 octobre, par un des plus beaux jours que l'automme pût donner, soixante religieux trappistes, sous la conduite de leur prieur M. le marquis de la Douze, aujourd'hui simple cistercien, du père abbé et des prieurs de Notre-Dame des Neiges et de Staoueli, venaient d'Aiguebelles, prendre possession du couvent que des mains généreuses leur ont donné dans la partie la plus meurtrière de la Dombes. Partis d'Ars dès le matin les reli- gieux, salués par l'enthousiasme des contrées qu'ils traversaient, vinrent jusqu'au village du Plantay, d'où, formés en procession, ils se dirigèrent vers l'asile qui leur élait offert. Là , reçus par Mgr de Langaleric, évéque de Beiley, et par une partie des bienfaiteurs du couvent, ils s'installèrent avec joie dans ces murs humides, dans ces pièces sans plancher, dans ces cloîtres non couverts qu'ils doivent achever, et dont la dangereuse in- fluence doit s'ajouter aux miasmes de la contrée. En arrivant sur ces do- maines que leurs sueurs vont assainir et féconder, ils pouvaient dire