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440                        CHRONIQUE LOCALE.
  A M. V., négociant pelletier, à Lyon.
                                                 Francfort, ce 23 May 1767.
           Messieurs,
   Il a plû au Toutpuissant Dépositaire de nos jours, selon sa volonté im-
pénétrable, de retirer de ce monde, et de recevoir dans sa bienheureuse
éternité (Dimanche 17 de ce mois, à 7 heures du soir) après une longue
maladie, mou bien aimé et digne Epoux, à la quarantième année de son âge.
Son décès qui prive sa veuve du mari qu'elle a chéri pendant onze ans, et
son fils unique du Père, que sa tendre jeunesse ne lui a qu'à peine laissé
connaître, me met dans un état d'affliction dont Vous sentirez la grandeur
mieux que je ne puis l'exprimer.
   J'ose me promettre que Vous prennez une part sincère à ma juste dou-
leur, et dans cette persuasion, je ne puis manquer à vous notifier ce triste
événement, Vous remerciant en même temps de l'amitié dont Vous avez ho-
noré le défunt, et comme suivant sa dernière volonté je suis intentionnée
de continuer avec l'assistante divine, en faveur de mon fils unique, âgé de
7 ans, le commerce sous son ancienne signature, je ne doulc pas, que pour
me soulager en quelque sorte de la perte sensible que je viens de faire dans
la personne de feu mon mari, Vous ne soyez disposé à me coniinucr l'hon-
neur de Vôtre amitié et celui de Vos conimandemcns, tant en commissions
de lettres de change, que prélérablemcnt dans l'expédition des marchandi-
ses que Vous faites passer par cette place. Il Vous plaira, à cet effet, faire
note de ma signature ci bas, sous laquelle seule le commerce sera continué
et n'ajoulcr foi à aucune autre. Je prie Dieu qu'il Vous conserve avec Votre
chère Famille jusqu'à l'âge le plus avance, dans toutes les prospérités dé-
sirables, et qu'il en éloigne toutes sortes de tristes événements, vous recom-
mandant à sa divine protection, et Vous saluant de bon cœur, j'ai l'hon-
neur d'être avec la plus parfaite estime
           Messieurs,
Vôtre tris-humble el Irès-obéissante
              Servante.                       Signera :
     Marie Catherine Willemer             Vôtre très-humble et très-obéissant
                                                       Serviteur,
                                                Jean Louis Willemer.
   Autrefois on prenait pour enseigne : A la Confiance, à la Probité, au-
jourd'hui ce serait bien roeoco et cependant ne seriez-vnus pas plus disposé
à porter votre bourse au comptoir de Mme Catherine Willemer qu'à celui
des Deux Pierrots ou qu'à la faillite du grotesque fean-Bart ?
   — Il est trop tard pour parler à présent de la fête splendide donnée, il
y a un mois, par l'armée de Lyon, au bénéfice des Petites filles des soldats.
Les grands journaux ont dit la foule qui couvrait le Grand-Camp, la diver-
sité et l'intérêt des jeux, l'adresse des cavaliers, l'ordre qu'avaicnl su ap-
porter les organisateurs de. la fête et enfin le bénéfice que les pauvies or-
phelines avaient trouvé dans la charité lyonnaise, le mot charité pris dans
sa belle acception de tendresse et de dévouement venus du cœur. Nous
ferons seulement des vœux pour que cette fête se renouvelle.            A.V.

                                Aimé ViNGTtuNiER, directeur-gérant.