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                             CHftOTïQUE L0ËAUS'.                               48®.
d'Anne Radcliffe. Dernièrement les passants charmés dévoraient cette an-
nonce qu'il serait fâcheux de ne pas conserver à nos neveux.
    « U N M Y S T È R E D É V O I L É :—Hier soir, vers dix heures, j'en-
trais dans ma chambre, une bougie allumée à la main; je me renfermais à
•double et à triple tour. Je mis le feu à ma lampe (une bien magnifique Car-
cel, ma foi), j'allai voir à pas de loup si personne du dehors ne cherchait à
pénétrer du regard dans mon intérieur; après quoi, je mis ma lampe et ma
bougie (deux flammes flamboyantes) sur une petite table à jeu placée entre
mes croisées, puis! ! j'ouvris le porte-monnaie (un superbe porte-monnaie
or et nacre, on eût dit une mignardise de chez Tahan, un vrai joyau). L'a-
dorable bibelot une fois ouvert, je distinguai, dans ses entrailles, au moins
quarante pièces d'or magnifiquement neuves. Dans un compartiment voisin
on remarquait un feuille ou deux de papier jaune, quelque chose comme de
bons billets de banque de mille francs. Il faut vous dire que j'avais frouvë
 ce lourd porte-monnaie au sortir du théâtre des Célestins; je l'avais soigneu-
sement ramassé et mis dans ma poche, et, dame! du théâtre chez moi, je'ne
fis qu'un pas, qu'un saut ; — quelle émotion, quelle angoisse ! Après Un
verre d'eau sucrée, la ceinture de mon pantalon desserrée, je me mis eh de-
voir d'examiner à quelle nation pouvait appartenir mon trésor.
   Sur l'une des pièces d'or en question je lus : Souve'hir ctë 1 8 6 2 ,
L I E N D E S N A T I O N S , v ê t e m e n t s d ' h o m m e s , rue Impériale, 66,
Lyon. — Quelle mystification! J'espérai tout aussitôt me reporter sur le
chiffon de papier jauneâtre ; voici ce qu'il contenait, car ce n'était pas au-
tre chose qu'un prospectus.
   ECOUTEZ TOUS ! Il demeure acquis qu'entre toutes, la maison en causé
ici, est la seule qui puisse offrir les avantages si précieux du bon marché
par excellence.— Il ne faut pas l'oublier; elle est, à Lyon, l'interprète des
manufactures les plus riches et les plus importantes de Paris; aussi, ne
réunit-elle, dans ses rayons, que des assort.ments ignorés de tout autre dé-
bit. — Le LIEN DES NATIONS défie toute concurrence d'offrir des Vêle-
ments dont il s'agit.aux prix extraordinaires de modicité où ils sont cotés.»
   Bérenger, de son côté, faii des vers ; le Prince-Eugène lance son boni-
ment et la Maison des Deux-Pierrots, un joli nom pour inspirer la confiance,
affiche :
    « A S C E N S I O N D ' U N H O M M E , sans Ballon, sans Hélice, sans
Parachute et même sans Bretelles, mais au seul examen des prix de la
MAISON DES DEUX PIERROTS ! ! —Qui ne sauterait en l'air en voyant un
Pardesssus magnifique affiché 19 fr. Entre nous, c'est au moins aussi phé-
noménal que le B A L L O N N A D A R .
   Que faire quand on est forcé de vider un local en quelques jours ? Sa-
crifier les Marchandises, et c'est ce que fait la M a i s o n d e s d e u x
Pierrots. »
   Il faut être de son époque, nous le savons ; nous ne voulons pas qu'on
rétablisse les Mystères du moyen âge au coin de nos rues ; mais si nous
avions à choisir, nous aimerions mieux le commerce comme on le faisait à
l'époque où nous avions pour devise : Virtute duce, que celui qu'on fait de
nos jours. Voici une circulaire imprimée, envoyée, il y a un siècle, à un
négociant de notre ville. Nous avons fait du chemin depuis qu'une coura-
geuse veuve recommandait l'avenir de son fils à nos pères :