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                                ALEXIA.                     383

maine écrivent Brannovices; les écrivains indigènes, dans
leurs chartes, affectent toujours quelque chose de la dureté
radicale, et écrivent comme ils prononçaient Briennensis
Pagus, le Briennois. Néanmoins, il y a eu des exceptions;
et, dans un fragment de l'an 892, cité par Severt, p. 19"0,
nous lisons : inpago Brionensi.
   Il n'y a réellement rien de forcé dans ces révolutions pa-
cifiques des noms et des lettres, pour ceux qui ont l'habitude
de les observer. Il nous serait aisé de multiplier les exemples
de transpositions analogues. Ainsi, la Brenne, petit pays de
la Tourraine, sur les confins du Berry, se dit en latin
Briona, SaUus-Brionnœ (1). Et, sans sortir de chez nous,
Briann, Brianum, est appelé Brionna, dans un pouillé du
diocèse d'Autun du XIe siècle (2), publié par M. A. Bernard.
   Nos traditions locales justifieraient, au besoin, l'origine
celtique des Brannovices. La commune de Brian, le Bria-
num des vieilles chartes, n'est qu'à une lieue de Semuren-
Brionnais, et tout a fait au centre du pays. C'est bien l'en-
droit le plus pittoresque et le plus accidenté du Brionnais.
    « Brian, dit Courtépée (3), paraît avoir été le berceau
« des Brannovii, premiers habitants du pays, dont parle
« César. On a trouvé aux environs plusieurs médailles et
« des tombeaux antiques. »
   Des souvenirs druidiques se rattachent a son territoire,
près duquel se trouvaient les forêts rocailleuses de Mont-
megin. La d'immenses amas de pierres énormes, qui ont vi-
siblement été remuées par la main des hommes, apparaissent
comme les restes d'une enceinte sacrée.
    Quand , jeune latiniste , nous dirigions nos promenades

  (1) DomChaudon, Dictionn.-Manuel-Interpr., p . 94.
  (2) Cartulaire de Savigny, etc., t. 2, p. 1055.
  (3) Descript. hist., 1779, t. 4, p. 207.