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360                          CHRONIQUE LOCALE.
comme les lutteurs antiques : Ave, ager, morituri te salutant.On se souvient
qu'à Staoueli, quarante des leurs succombèrent la première année. Qu'im-
porte? aujourd'hui la plage africaine est saine et la fièvre y a été vaincue
sans retour.
   La bénédiction des cloches par le père abbé d'Aiguebelles fut suivie d'un
sermon profondément senti du pèie Marie-Bernard, ce Carme, jadis Israé-
lite, qu'une conviction puissante a fait catholique et religieux. A peine sa
voix finissait de se faire entendre que Mgr Lyonnet, éveqne de Valence,
retenu par les funérailles de l'archevêque d'Avignon, arrivait au Planlay.
La venue du prélat fut une joie et la bénédiction solennelle fut remise à
sa piété.
   Le lendemain, dimanche, trois cents voitures, venues par toules les rou-
tes et tous les chemins, versaient autour du couvent une-population avide
de prendre part aux cérémonies. Mgr de Belley devait faire une ordination;
aussi la foule se pressait-elle avec une ardeur qui allait jusqu'à l'indiscrétion
pour voir et pour entendre. Mgr de Valence assistait Mgr de Belley; le
chœur contenait à peine les invités, opulents et généreux bienfaiteurs de
la maison ; les,religieux se préparaient dans le recueillement, à la noble
et dangereuse mission de moralisation et d'assainissement à laquelle ils
sont convies ; la population remplissait la nef, contemplant la cérémonie
ou écoutant la parole émue de Monseigneur.
   Si les hommes de foi avaient été saisis au spectacle que l'église offrait à
leurs yeux, les artistes auraient été frappés de l'aspect que présentait la
plaine avec ces chevaux dételés, ces équipages servant de cuisine et de salle
à manger, ces groupes dînant sur l'herbe, ces feux autour desquels des
marchands offraient des marrons et du calé; on aurait dit une tribu
campant dans le désert, une Smala moins les sentinelles et les guerriers.
   Au dîner, offert par le corn eut aux nolablcs de la réunion, M. Valcntin-
Smith, président de la Commission à qui celte œuvre est due, a dit en
quelques mots ce que la pauvre population des Dombes attendait des reli-
gieux dévoués qui venaient lui servir de modèle et de secours. A l'office du
soir, Mgr de Langalerie, l'organisateur zélé de la Commission et pensée
première de la régénération des Dombes par les Cisterciens, a remercié
Dieu d'avoir mené à bonne fin cette entreprise, et sa parole émue tra-
hissait toutes les agitations de San cœur.
   Aujourd'hui la solitude a repris possession de la contrée, les religieux
se sont mis à l'œuvre etnous pourrons suivre le combat qui va se livrer
entre l'abnégation, la fièvre et un sol ingrat.
   — Le 26 septembre, l'épiscopat français a perdu Mgr Debelay, arche-
vêque d'Avignon, comte romain, né à Vnlat, près Bourg, d'une famille de
cultivateurs, décédé après une longue maladie, à Avignon, à l'âge de 62 ans.
Son cœur n'avait jamais oublié la Bresse, sa patrie, et il avait choisi parmi
ses compatriotes ses principaux et plus zélés collaborateurs.
   — Une autre perte sensible aux arts et à l'archéologie a frappé encore
le clergé de nos pays. M. Greppo, ancien vicaire général de Belley, d'une
famille Ivonnaise, écrivain de mérite, archéologue estimé, est décédé le
22 septembre, à Belley. Suivant ses vœux, il a été inhumé à Lyon. Il avait
une riche biliothèque, un médaillor précieux. Les opuscules qu'il a pu-
bliés ne sont qu'une faible partie rie ses travaux. Il laisse de. nombreux
manuscrits dont les hommes qui aiment leur pays provoqueront sans doute
l'impression.
   — Aujourd'hui,rien de Lyon.La ville est à la campagne, les citadins font
concurrence aux grives ; on dit même que quelques-uns chassent, mais le
gibier ne s'en aperçoit pas.                                     A. V.
                               Le Directeur-Gérant, Aimé VINGIUIKIER.