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320                       UNE NOCE.

du pré que marquait une douzaine d'ormes magnifiques, le
jeune homme dut renoncer à trouver Louise, car, de la place
où il était, il pouvait embrasser du regard presque tout le
domaine des Ormoyes : à droite et à gauche, de belles vignes;
derrière la maison, de vastes champs semés de sarrasin après
la récolte de blé, et enfin de l'autre côté de la Saône, d'im-
menses prairies. Frédéric jeta sur cette opulente nature le
regard d'un futur propriétaire et se plut à contempler le toit
égayé par les rayons du soleil qui descendait vers la colline
de Chardonnay. Il restaura par la pensée cette vaste maison
délaissée depuis vingt ans, mais dont l'architecture ne man-
quait pas de caractère ; il éloigna les bâtiments d'exploi-
 tation qui tendaient à envahir la cour; il condamna impitoya-
blement au feu les pommiers du verger, et jeta, à la place,
des plates-bandes, une pelouse et des massifs de fleurs ; il se
vit lui-même assis sous ces arbres a côté de Louise embellie
par les saintes joies de la maternité ; à leurs pieds, des babys
roses et frais et il sourit à ce délicieux tableau; puis  puis
il songea que c'était là de la poésie sans songer que cette
poésie-là, il pouvait la réaliser; il revint à ses idées ambi-
tieuses et se mita commenter la lettre que son père lui avait
écrite en apprenant son voyage à Léonlaud ; il reprit une à
une toutes les parties du domaine des Ormoyes et en supputa
le prix approximatif; comme un de ses calculs différait de
ceux de M. Husson, il prit sa lettre dans son portefeuille et
la relut :

   « Mon cher Frédéric, lui disait soh père dans cette lettre,
lu m'écris que lu vas passer deux jours aux Grandières. Je ne
puis le répéter a ce sujet que ce que je le dis toutes les fois
que nous parlons de ton mariage. C'est une excellente affaire,
et puisque, par-dessus le marché, Louise le convient sous
tous les rapports, ne néglige rien pour tout conclure au plus