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UNE NOCE. 327 vile. Souviens-toi que c'est de fa cousine que tout dépend ; elle est la tête forte de la famille, car Girard, est. encroûté dans ses vieilles idées provinciales au point de ne rien enten- dre au maniement des capitaux. Rien à Girard de nos pro- jets par conséquent, mais de la conliance avec Louise. C'est une petite commère Cne et entendue, elle doit comprendre que la société humaine est une foule où Ton doit tâcher d'ar- river au premier rang le plus vite possible, tant pis pour les maladroits qui s'attardent et q~ui tombent: ils méritent leur sort. Si lu sais lui plaire, elle souscrira facilement 5 • toutes nos idées, car quelque intelligente que soit une femme, c'est toujours par le sentiment qu'on arrive à sa raison ; elle consentira donc à laisser vendre les Ormoyes pour avoir à la place de bons titres qui ne seront sujets ni à la grêle, ni à l'oïdium, ni aux fermiers, autant de misères que ne connais- sent pas les heureux actionnaires de ces entreprises qui nais- sent chaque jour. Presse donc ton mariage,M.X*** m'a promis deux cents actions des nouveaux chemins étrangers, et j'ai calculé qu'avec les 130,000 francs que donneront à Louise les Ormoyes et le moulin de Sainte-Marthe, je pourrai faire face aux obligations que j'ai contractées pour ce semestre et vous donner, en nantissement, les actions promises. Tu sais que je travaille à ta fortune, et que pour un homme éloigné d'un grand centre comme je le suis, il y a des mo- ments difficiles à passer; ce semestre est une de ces époques la, mais ces 130,000 francs me permettront de réaliser un bôriéficedont je veux le faire la surprise. Adieu, cher Frédéric, je te le répôle, presse-loi ; gagne Louise à nos projets et dis- lui que je l'aime comme je t'aime ». Cette lettre rendit Frédéric tout songeur; son père parlait bien à son aise de tout conclure au plus vite. Vendre les Ormoyes ! Mais il n'avait pas même parlé encore librement avec Louise. Le sentiment qu'il eut du peu d'habileté avec lequel