page suivante »
UNE NOCE. 325 géant de sa diguité, un sacrifice à sa cousine et il espérait bien être payé de cette condescendance à ses goûts; puis en- fin il prenait volontiers une petite part à la joie générale, car il lui semblait que Louise n'avait pu conclure cette union sans y associer la pensée d'un amour dont la fierté seule semblait retenir l'aveu sur ses lèvres. Louise, placée à table entre Jean-Marie et Frédéric, ré- pondait gracieusement aux saillies du garçon d'honneur et les expliquait à son cousin; ces plaisanteries avaient toutes trait à quelque coutume du village ou aux particularités du caractère de ceux qu'il raillait. Vers cinq heures cependant, Louise qui n'oubliait pas ses obligationspour la soirée, songea à un moyen qui devait en rendre l'accomplissement plus facile; elle se leva et disparut sans bruit. Frédéric n'osa pas la suivre d'abord, mais voyant que peu â peu les jeunes gens et les gentilles Mâconnaises désertaient la salle sans que la masse des invités parût y faire la moindre attention, il sortit à son tour et chercha sa cousine; elle n'était pas dans la salle du .bal, où chuchotaient déjà quelques jeunes filles ; il jugea donc qu'elle ne pouvait être que dans le verger dans les allées duquel il s'engagea. Mais il eut beau parcourir en tous sens ces allées vertes semées d'un gazon plus doux au pied que le sable criant et rêche de nos jardins ; il eut beau regarder sous l'ombrage projeté par des pommiers lourds de fruits, près desquels des haricots tordaient leur branches flexibles autour de sarments un peu courbés. La cousine n'était ni assise sur les bancs de mousse naïvement disposés auprès des ruches dont les abeilles puisaient un miel parfumé dans les nectaires de beaux rosiers vieux d'un demi-siècle, ni sous la treille dont les raisins- dorés ^'étalaient sur des feuilles rougies. Frédéric descendit jusqu'au bas du verger qui descendait jusque vers la Saône et formait sur ses bords une petite prairie. Arrivé a la limite