page suivante »
ÉGLOGUES DE VIRGILE. 271
qui attend ici sa preuve , et quant à la théorie, c'est toujours
l'échafaudage mythologique de Servius, dont Politien nous
" semble avoir fait justice. Et puis s'il faut tout dire, nous
craignons que l'interprétation ne pêche un peu contre la
nature et contre la logique. Comment! vous voulez qu'on
ne sourie pas au nouveau-né, et que, de plus, on lui en fasse
un crime ! Mais si cette pauvre créature ne reçoit pas le
sourire de ses parents, en peut-elle donc davantage ? Pouvez-
vous donc raisonnablement supposer que les auteurs de ses
jours, non contents de ne pas lui sourire, aillent encore
tirer sur sa tète de sinistres horoscopes ? Qui donc parmi
eux oserait pour cela le menacer des plus fâcheuses desti-
nées? Non, cela n'est pas dans la nature. A-t-on jamais vu
une mère qui ait tenu un pareil langage? Voilà , si je ne me
trompe, qui est nullo sensu aut parum commodo.
Mais elle dira : « Souris-moi, mon entant ! souris a ta mère
qui a concentré sur toi toute son affection ; un sourire lui
est bien dû pour toutes les langueurs qu'elle a eu a souffrir
pour toi ; souris-moi donc, cher enfant! Ceux qui n'ont point
un sourire pour leurs parents n'obtiennent point la laveur
des dieux : le ciel ne peut aimer l'enfant qui ne veut pas
sourire aux auteurs de ses jours, et qui montre qu'il n'a ni
sensibilité ni reconnaissance. » Voilà , ce semble, la nature
et voila pourquoi la leçon de Quintilien mérite d'être admise
de préférence.
Après ce qui précède, qui (pueri) me semble hors de con-
teste; c'est ainsi qu'après Politien et Turnèbe, en ont jugé
Scaliger, Lacerda, Farnaby, Dryden, Andréa Lori, Firmin
Didot, Tissot (2e édit.), Bertholon, Geory (2e édit., 1824),
Desaugiers aîné, (23), etc.
(23) Gedoyn (trad. de l'Instit. de l'Orat.),insiste dans une note sur ce que
Quintilien lisait qui et non pas cui comme la plupart des interprètes. — Mi-
chel de Pure commente ainsi plutôt qu'il ne traduit cette phrase: « Le mépris