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NOTICE HISTORIQUE SUR RIPAILLE , par M. LECOY DE LA MARCHE,
archiviste de la Haute-Savoie.
Au bord de cette mer où s'égarent mes yeux,
Ripaille, je te vois. 0 bizarre Amédée!
Est-il vrai que dans ces beaux lieux,
Des soins et des grandeurs écartant toute idée,
Tu vécus en vrai sage, en vrai voluptueux,
Et que, lassé bientôt de ton doux ermitage,
Tu voulus être pape et cessas d'être sage?
Lieux sacrés du repos, je n'en ferais pas tant ;
Et malgré les deux clefs dont la vertu me frappe,
Si j'étais ici pénitent, "
Je ne voudrais point être pape.
(VOLTAIRE.)
Qui ne connaît ce mot : faire ripaille ? Qui n'a envié le sort
d'un prince qui abdiqua le pouvoir pour finir sa vie dans une
habitation agréable, au sein des plaisirs et sous le masque de la
piété ?
Voilà pourtant encore une de ces erreurs historiques qu'un sa-
vant écrivain, M. Lecoy de la Marche, archiviste delà Haute-Savoie,
vient détruire dans un livre plein d'intérêt : La Notice historique
sur Ripaille en Chablais (1).
Si faireripaille a été pris dans un sens désavantageux, c'est bien
Voltaire qui en est l'auteur ; il n'était pas homme à négliger une
occasion de servir les besoins de sa cause. On avait cependant,
bien avant lui, pensé qu'il ne fallait attacher à ce mot d'autre si-
gnification que celle de jouir des plaisirs de la campagne, et c'était
la véritable.
Le duc de Savoie, Amédée VIII, s'était retiré vers un prieuré
de chanoines augustins, fondé par lui quelques années auparavant
sur les bords du Léman, et à côté duquel il avait fait construire
un château composé de sept appartements et de sept tours.
(1) Paris, Durand, libraire, rue des Grès-Sorbonne, 7. — Annecy,Didier-
Monnet, libraire, place Notre-Dame.