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232                       UNE NOCE.

gaulois. Si l'histoire altère parfois les faits, j'ai foi aux tra-
ditions, et le plus ignorant villageois d'Uchizy le dira avec
orgueil : je suis Sarrasin, et si lu étudies ses mœurs, tu y
découvriras bientôt un côté tout particulier qui le sépare de
tous les autres riverains de la Saône. La encore se fail sentir
le cachet indélébile de son origine, comme aussi dans la
répugnance qu'il éprouve à s'allier à d'autres qu'à des Sar-
rasins, répugnance qui s'est fait sentir pendant des siècles,
et que rétablissement des chemins de fer a eu seul le pou-
voir d'affaiblir. C'est donc peut-élre à leur origine sarra-
sine que nos jeunes filles doivent la force nerveuse qui leur
fait supporter sans fatigue toute une nuit de danse. Mais
nous arrivons, et je vois le père Fontaine qui s'avance à
 noire rencontre. La noce est-elle arrivée, mon bon vieux?
    — Ah ! je suis désolé , Monsieur, je suis désolé. Sans
      •
 rancune, Monsieur Frédéric, vous me guérissez d'un grand
 chagrin en 'venant chez nous aujourd'hui. Vous nous faites
 plaisir, à moi et à mon grand Claude. Biais que vais-je
 faire, mon bon Monsieur Girard?
    — Je ne sais encore ce qui vous inquiète, répondit celui-ci.
 Quel conseil puis-je donc vous donner?
    — Eh bien ! Monsieur, vous savez combien Joseph Raille
 était fâché qu'on n'allât pas danser chez lui comme à l'ha-
 bitude; il disait que les jeunes gens faisaient de la dépense
  dans son café, et qu'en venant jouer ici il perdrait tous ses
  béne'fices ; mais le fait est que nous préférions tous rester
  aux Ormsges ; cela réjouit les vieux de voir danser la jeu-
  nesse, et notre vin nous eût semblé bien meilleur, bu à côté
  de la salle de danse. Joseph Raille nous avait menacés de
  ne pas venir, et Mllc Louise qui se méfiait de cela, a écrit à
  deux musiciens de Mdcon ; mais ne voilà-l-il pas que lors-
  que nous sommes revenus de l'église, ces deux musiciens
"que, sans reproche, votre Baliste avait fait un peu trop boire,