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UNE KOCE 233 se sont pris de querelle avec Joseph Raille et ce gros orgueil- leux de Pétrus Poinsot, si bien que Pétrus a reçu un coup de poing et que Joseph Raille s'est retiré. — Tant pis pour eux s'ils ont fait les méchants, dit M. Girard. Les musiciens de Mâeon tiendront bien leur place. — C'est là qu'est le mal Monsieur; ils ne peuvent pas jouer ; votre vin le leur défend. Ils ont essayé, et nos filles les ont renvoyés du bal; elles sont désespérées, et les jeunes gens parlent d'aller à Tournus ou à Mâeon chercher d'au- tres musiciens. Mais ce sera une triste noce si l'on ne peut danser qu'à leur retour. Que ferai-je de ce jeune monde, Monsieur Girard, qu'en ferai-je? -~ Mais, dit Frédéric, ce Joseph Raille ne reviendrait-il pas si on l'y engageait fortement par l'intérêt ? — Ah! vous ne connaissez pas les musiciens ; on lui don- nerait cent francs qu'il ne viendrait pas, parce qu'on l'a piqué. — Et ma fille? demanda M. Girard, qu'a-l-elle dit de tout cela? — MIlc Louise n'est pas encore là ; elle a passé aux Gran- dières en revenant de l'église. —• Dans ce cas je vais la rejoindre, père Fontaine, et voir avec elle s'il n'y a aucun moyen d'arranger les choses. Quant à toi, Frédéric, dit M. Girard à voix basse, va faire ton petit présent. Après avoir traversé une cour remplie de groupes inquiets, Frédéric, conduit par le père Fontaine, pénétra dans l'oran- gerie, dont les dalles avaient été lavées avec soin, les murs garnis de bancs et ornés de loin en loin de bras de cuivre supportant des lampes pour le bal du soir. Traversant la foule désolée, dont la partie féminine surtout exprimait ses regrets d'une façon bruyante, le jeune avocat alla prendre la main