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                     ÉGLOGUES DE VIRGILE.                   187

   C'est qu'en effet ce sourire est presque talismanique pour
les parents ; il vient a la fois consoler la mère des langueurs
de sa grossesse et le père de ses longues appréhensions :
     ... Gaudete oculis et fronte beatâ
     Prolis, et antiquos risu pensate dolores.
                       Ant. Chanut [Parnass. Societ. JesJ.
   Les premiers sourires de l'enfant font époque ; on se les
dispute longtemps ; c'est longtemps une source toujours
nouvelle, de joie et d'espérance ; qui n'a vu l'attendrissement
du grand-père et de la grand'mère quand leur petit-fils leur
sourit les premières fois! ces douces émotions les reportent
a un âge plus heureux de leur vie et semblent les rajeunir.
Quand le nouveau-né sourit, tout dans la famille est heureux
autour de lui :
    En ridet, risuque beatius aéra serenat !
  Vinc. G'uinisius (Poesis heroica eleg. etc. Antverp. 1657).
   On comprend pourquoi Virgile invite l'auguste enfant à
sourire h ses parents ; c'est une scène délicieuse de famille
où tout est vie et sentiment ; c'est l'enfant qui en est l'âme ;
c'est sur lui qu'ils fondent leurs espérances ; c'est lui qui
les attache a la vie! Substituez le rire de la mère ; ce n'est
plus qu'un tableau pâle et vulgaire ; tout l'intérêt est perdu ;
les parents sourient toujours à leurs enfants ! quelle est
donc la marâtre qui refuserait de sourire au fruit de ses en-
trailles? En'intervertissant les rôles, vous avez fait disparaî-
tre le charme du petit drame que l'âme du poète avait su
enfanter. L'hémistiche incipc, parve puer n'est poétique et
vraiment sentimental que dans l'ordre d'idées que j'ai cher-
ché à mettre en relief ; on peut dire, avec M. Langeac {Buco-
liq. deFirg., 1806), qu'il est plein d'une douce mollesse, et
a quelque chose des caresses de l'enfance. J'ose présumer
que les mères, et elles sont ici d'excellents juges, n'hésite-