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188 ÉGLOGUES DE VIRGILE. raient pas a se prononcer en faveur de notre interprétation. (Voy. note 10). Il y a, dans la répétition de cet hémistiche, une intention délicate, une vivacité de sentiment et une dou- ceur de pensée, qui font honneur a Virgile : Hâte-toi, cher enfant, de prendre l'initiative d'un sourire, incipe; ta mère attend de toi ce doux témoignage ; c'est a loi d'appeler par ton sourire celui de ta mère ; prouve par ce langage que tu reconnais, que tu sais distinguer celle qui t'a donné le jour, qui te nourrit de son lait, qui t'entoure de soins et de cares- ses; tune saurais payer trop tôt, d'un juste retour, dix longs mois de langueur ; hâte-toi donc, cher enfant, de sourire à ta mère, incipe, parve puer ! C'est ici le lieu de rappeler que les Romains tiraient des horoscopes des plus petites choses : le moindre acte du nouveau-né était observé, étudié et interprété ; en croyait y voir l'indice de ses aptitudes et de sa destinée future. Pueros ridere ; quippe uberis inde Arguitur dos ingenii suavisque caracter. Serius ante diem qui ht puer, hune ego tardi Crediderim crasso Saturni sidère natum Le P. Brumoy (De molibus animi, ch. vi). Il y a plus ; « naître"avec une humeur triste et sombre, c'é- toit un mauvais augure ; un enfant qui n'étoit pas caressant et enjoué altristoit ses parents et leur faisoit craindre pour lui quelque chose de iuneste (12). » (12) « Jossc Bade, Joseph Scaligor et Min-EIIius disent que , lorsqu'un enfant eloil triste el qu'il ne earessoit pas ses parents, c'etoit une marque qu'il ne ferait pas un long séjour sur la.terre. Vilalis non fuit quisquis ulie- nu$ iialus est arisu. » ( Vaillant, Eglog. de Virgile, Paris, 1724). Virgilius puerum invilat ul rideat et ita del omen reliquœ vilos (Lacerda). Il reconnoit son père avec un doux souris ; Illustre enfant, ce souris est l'augure D'un sort dont le bonheur filera les moments. Desforges Maillard (Ëpitre au prince de Conli).