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104                               ALEXIA.

autre intérêt que celui de la nouveauté, on reproche a un
moine du IXe siècle d'avoir inventé Alise, on se jette à pleines
voiles dans les inventions et les interpolations les plus fla-
grantes. On crée, par exemple, une Alisia desBrannovii (1),
dont il n'a jamais été question ni dans les écrits, ni dans le
langage, ni dans la pensée des hommes. Au moment où l'on
produit contre nous Plutarque, Dion Cassius, Florus, avec
un à propos que nous jugerons tout a l'heure, on s'obstine
a altérer, en toute rencontre, le texte de ces anciens, pour
le rapprocher d'Alaise. « Alesiam subnixam flammis adœ-
« quavit. » C'est Florus que l'on prétend citer ici. Et Florus
ne dit point Alesiam, mais « Alexiam ducentorum quinqua-
« ginta milliumjuventute subnixam flammis adgequavit(2).»
Et pas un historien latin, a l'exception de Paterculus, n'écrit
autrement que César le nom d'Alise : Alexiam Mandubio-
rum. Mais il fallait préparer un argument en faveur d'Alaise
qui en a défaut. La France littéraire (3) s'est chargée de le
formuler ainsi : « L'identité de l'antique Alesia av?c Alaise
« en Franche-Comté, est un des faits les mieux établis de la
« géographie de la Gaule. On peut en toucher du doigt les
« monuments irréfragables. » C'est de l'oreille et non du
doigt que vous voulez dire ; car c'est de son, de consonnance
et pas de monuments qu'il s'agit ici. Mais reprenons.


   (1) Alesia, page 166, col. 2, ligne 42, texte : « Voire même, peut-elle
« aspirer à avoir été l'Alisia des Brannovii, car elle est en plein pays de
« Brcnne. » On retrouve VAlisia àesBrannnvii, page 169, ligne 15, col. 2.
On aura plus loin, dans la 3 e partie, l'explication de cette ingénieuse créa-
tion d'une ville qui n'a jamais existé.
   (2) h. Juli Flori Historiée Romana; libri quatuor. Amsterdam, 1625,
p. 90.
   (3) 14 février 1863, p . 334.