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80 UNE NOCE. telle. Se promener, au milieu de tout le village aux fenêtres, avec une petite Mâconnaise rougeaude à son bras, derrière deux couples endimanchés composés du père Fontaine en habit bleu à la mode du premier empire, et de la future attifée de prétentieux oripeaux, puis de quelque vieille paysanne et de Claude Fontaine enlaidi par un habit noir et une cravate blanche, empesé dans sa chemise brodée, gonflé de gaucherie dans son gilet de soie bleu de ciel, c'était une perspective peu agréable pour un jeune homme rempli de morgue bourgeoise et deshabitué de toutes les simplicités champêtres. Frédéric ne songea pas à s'imposer ce supplice, mais il cherchait les moyens de s'esquiver sans pouvoir être taxé de dureté; quant à l'ingratitude, il ne la mettait pas en compte et ne pensait pas qu'il pût y en avoir à refuser celte légère satisfaction a un homme qui l'avait porté dans ses bras et autant aimé que son propre fils. Malgré lui cependant, le sentiment de son tort teignit d'embarras et de trouble sa réponse entre- coupée. — Je suis flatté de la proposition que vous me faites, mon bon père Fontaine, dil-il ; mais puisque la noce doit avoir lieu demain, il y aura sans doute un mécontent ; l'ami paré à l'avance du titre de garçon d'honneur sera offensé de se voir supplanté et je ne veux désobliger personne. — Non, insista le père Fontaine, vous ne changez rien à nos intentions; ce n'est pas que mon fils manque d'amis, mais nous comptions sur vous, et M. Girard votre oncle est prévenu ; votre présence a la noce ne fera donc pas tort à votre visite. — Comment est-ce possible? dit Frédéric avec quelque im- patience. — Ah! c'est bien simple, je savais votre voyage; mais comme j'ignorais l'heure de votre arrivée, je ne pensais pas vous faire mon invitation au milieu du chemin. Enfin, la voilà faite tout de même; l'acceptez-vous?