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SAINT AVITE. Elle dit : aussitôt Dieu-même de sa main, D'un limon détrempé forme le corps humain. Tel l'on voit, de nos jours, un statuaire habile Façonner sans efforts une cire docile, Et, créateur nouveau, par un art ravissant, Imposer sa pensée au plâtre obéissant ; Ainsi de l'Eternel la Sagesse infinie, Dans ce sable grossier qu'il destine à la vie, Se plait à combiner tant de secrets ressorts Qui bientôt vont unir une âme avec un corps. Au sommet de ce corps d'une forme nouvelle, Il adapté la tête, altière citadelle, Y concentre les sens, afin que rassemblés Ils soient toujours entre eux sagement contrôlés. Pour l'ouïe et le goût, l'odorat et la vue, Sur la face il ménage une élégante issue ; Et, pour que tous leurs nerfs couvcrgent en faisceau Il ouvre sur sept points le rempart du cerveau. Dans la bouche surtout prodiguant les merveilles, Il trace les contours de ces lèvres vermeilles Dont le jeu, s'accordant avec celui des yeux, Peindra nos sentiments ou tristes ou joyeux. D'un émail éclatant la bouché se décore; Dieu trace les arceaux de ce palais sonore, Où la langue, tissu de cent muscles nerveux, Comme un serpent qui roule et déroule ses nœuds, Ou pareille à l'archet dont une main savante Se sert pour animer la corde frémissante, En imprimant à l'air des mouvements réglés, Formera de la voix les sons articulés. Sillonnant tout le corps de sa trame invisible, Le plus fort de nosjsens et le seul infaillible, Le toucher, qui, des yeux redressant les erreurs, Doit nous faire braver tant de vaines terreurs,