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14 SAINT AV1TE. « Les trésors infinis de ce Monde nouveau, « Tous ces êtres sans nombre, et cet Eden si beau, « Attendront-ils toujours un maître raisonnable, « Qui sache honorer Dieu d'un culte véritable? « La Terre assez longtemps a désiré son Roi, « Qu'elle l'obtienne enfin et reçoive sa loi. « Que ce Roi soit créé; qu'un souffle saint l'anime, « Que l'image de Dieu dans son âme s'imprime. « Tandis qu'autour de lui les animaux courbés, « Par de grossiers instincts bassement absorbés, « Ne songeant qu'à servir leurs appétits avides, « Au sol qui les nourrit fixent leurs yeux stupides, « Que l'Homme, enfant du Ciel, parfait adorateur, «i Elève jusqu'à Nous son regard et son cœur. « Qu'il commande à la Terre, à tout ce qui respire ; « Qu'il ignore lui-même où finit son empire ; « Qu'il observe des Cieux les divers changements, « Les constellations et tous leurs mouvements ; « Qu'il calcule leur cours d'une science sûre « Pour y prendre du temps une exacte mesure. « Qu'il domine la Mer et ses vents furieux ; « Qu'animé par le feu d'un zèle ambitieux « Il s'applique à dompter, en légitime maître, « Tout ce qu'à l'horizon son œil verra paraître. , « Que la brute, à sa loi soumise en frémissant, « Apprenne à redouter son regard imposant ; « Que pour lui du coursier la fierté s'adoucisse; « Qu'à son frein, à sa voix, docile, il obéisse ; « Que le taureau fougueux, au rude joug lié, « Abaisse sous sa main un front humilié. « Et ce Roi sera l'Homme ; il tiendra notre place : « Un rayon immortel répandu sur sa face « Marquera sa grandeur sur son chef radieux, « Dans son regard divin dirigé vers les Cieux; « Il verra l'univers à ses pieds tributaire « Et ne devra qu'à iN'ous un encens volontaire. »