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SAINT AVITE. Promène dans l'exil ses superbes misères, Et, proscrit des Etats qui lui furent soumis, Dans ses anciens sujets n'a que des ennemis ; Ainsi l'Homme, déchu de S£ noble origine, Nourrissant en son sein une guerre intestine, A son corps révolté livre de longs combats, Poursuit partout la paix et ne la trouve pas. Il voit le bien, il l'aime, il l'approuve, il l'admire. Et vers le mal qu'il hait un doux penchant l'attire ; Triste effet de ses sens, un séduisant poison Obscurcit le flambeau de sa faible raison. Tous ces maux infinis dont le poids nous accable, Il faut t'en accuser, toi, le premier coupable, Adam, de qui nous vient notre funeste sort, Auteur de notre vie, auteur de notre mort! Tandis que ton orgueil, dans un sombre délire, A s'égaler à Dieu si follement aspire, Tu ravis, Père injuste, à ta postérité La paix de l'innocence et l'immortalité! Il est vrai que le Christ, rédempteur et victime, A payé dans son sang la dette de ton crime, De l'alliance sainte a rattaché les nœuds Et réconcilié la Terre avec les Cieux ; Mais, bien qu'il ait calmé la céleste Justice, Notre chair du péché garde la cicatrice, Et notre sang gâté par le venin du mal De l'implacable Mort a le germe fatal. Dès l'aurore des temps, la Sagesse féconde Du néant, par son Verbe, a fait jaillir le monde : Dieu dit, et la lumière éclate en purs faisceaux: Le Firmament s'étend et divise les eaux ;