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12                          SAINT AVITE.

     Le docile Océan entr'ouvre ses abîmes,
     Les monts portent aux cieux leurs orgueilleuses cimes,
     Les fleuves vers les mers, d'un cours impétueux,
     Roulent avec fracas leurs flots tumultueux ;
     Les contours arrondis de l'Elément aride
     S'élèvent mollement sur la masse liquide ;
     La Terre ignore encor les ardeurs du Soleil,
     Et germe cependant dès ce premier réveil.


 Les siècles accomplis, deux géants de lumière,
 Dans l'espace lancés, commencent leur carrière :
 Opposés l'un à l'autre ils alternent leurs cours,
 L'un préside à la nuit, l'autre éclaire les jours.
 Si la Lune parfois, inégale courrière,
 Retardant loin de nous sa marche irrégulière,,
 Néglige à l'horizon de paraître à son tour,
 De l'horreur du cahos fait craindre le retour,
 Aussitôt dans les cieux d'innombrables étoiles
 D'une nuit trop obscure éclaircissent les voiles.


 A peine du Soleil les feux étincelants
 De la Terre nouvelle ont caressé les flancs,
 De son sein réchauffé, fertile sans culture,
 Elle épanche avec joie une riche verdure :
 Dès ce premier printemps, les plantes et les fleurs
 Etalent à l'envi leurs riantes couleurs ;
 Chaque espèce en naissant apporte sa semence,
 Et dans un frêle grain en retient l'espérance ;
 Les obscures forêts allongent dans les airs
 Leurs rameaux vigoureux et leurs feuillages verts.


 Bientôt des animaux l'innombrable famille
 Naît, s'agite, se meut, de toutes parts fourmille
 Explore les contours, les sables, les déserts,