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554 HISTOIRE DU BEAUJOLAIS il parait même qu'il n'est pas antérieur sur l'écu de Beaujeu, et qu'il fut imposé à la seconde race des seigneurs de cette baronnie comme indice de son origine féminine. En effet, Baluze nous a conservé un sceau sur lequel on voit que le seigneur de Mont- pensier, issu de la première race, portait encore en 1278 l'écu plein d'or au lion de sables (1), tandis que son cousin, alors seigneur de Beaujeu, mais descendant d'Isabeau, souche de la seconde race, brisait le sien d'un lambel. C'est donc pour la famille de cette dernière que fut fait ce quatrain en français du temps : Un lion ney de roge harpa, En champ d'or, la coua reverpa, Un lambé roge sur la joa, Y sont les armes de Béjoa. Le dernier mot de ce quatrain nous apprend le nom primitif de Beaujeu. La plupart des auteurs l'ont rendu en latin par Belïus jocus, d'autres par Belli jocus ; mais probablement ni l'une ni l'autre de ces traductions ne rend bien le sens du mot français. En tous cas, nous avons la certitude que ce dernier existait avant le mot latin ; car le plus ancien document en lan- gue latine où Beaujeu soit cité (c'est la bulle de 1016, que nous avons déjà invoquée) (2) porte Beljocus [Wichardus de Beljoco), et non Bellusjocus. L'acte de fondation du monastère de Joug- Dieu, près de Villefranche, qui est de 1118 (3) donne même aux seigneurs de Beaujeu le nom de Beljoacenses, (4) ; enfin , un acte du XIe siècle, cité par Aubret (5), d'après Guichenon porte de Bello gaudio, le scribe ayant entendu Belle joie au lieu de (1) Baluze, Histoire de la maison d'Auvergne, t. Il, p. 27S. (2) Bouquet, Rerum Gallic. et Francic. Scripl., t. X, p. 432. Voyez aussi Duchesne, Hist. Franc. Script., t. IV, p. 169. (5) Gall. christ., t. VIII, pr. col. 316. (4) M, de la Roche la Carellc ne cite ni Beljocus, ni Beljoucensis, niais il cite un Bellojovium que nous n'avons vu dans aucun acte authentique. (5) Manuscrit sur le pays de Dombes.