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408 BIBLIOGRAPHIE.
de la civilisation. Son but, dont il ne s'écarte pas, est d'éclairer les hommes
sur leurs intérêts véritables, et de leur montrer que la richesse et le bien-
ètre sont indépendants de la forme du gouvernement. Républiques, empires,
monarchies, ont produit des grands hommes, d'illustres citoyens ; Ã toutes
les époques et sous tous les régimes, on a trouvé des peuples puissants et
heureux • il a suffi seulement pour obtenir ce résultat d'avoir de bonnes
lois de l'a moralité, un pouvoir aimé et obéi. C'est là tout le secret.
« Rien n'éveille mieux la pensée, rien ne commande mieux la réflexion,
dit M Lysen , que les violentes commotions politiques tendant à créer un
sort meilleur aux classes laborieuses. Au milieu d'elles, on découvre à l'évi-
dence la nécessité du grand principe d'autorité dont on s'est efforcé si
fréquemment d'effacer l'existence ou d'atténuer la vigueur; 1 histoire de
l'économie sociale et politique de tous les peuples nous le fait voir partout
comme indispensable, e t , en remontant à la source des souffrances de
l'humanité, on applaudit à ses bienfaits. Remarquons cependant que les
richesses des peuples sont essentiellement indépendantes de leur organi-
sation politique proprement dite. Un Etat peut trouver sa prospérité mate-
térielle sous toutes les formes de gouvernement, s'il est bien administre.
L'histoire des progrès matériels de toutes les nations nous le prouve. La
difficulté pour lors ne gît que dans le choix de la forme qui paraît être la
»lus propre à une bonne organisation, et dans les moyens d'arriver plus
promptementetavec plus de facilité aux meilleurs résultats. » « Les siècles
nasses nous ont suffisamment enseigné le gouvernement que nous devons
préférer, » ajoute M. Lysen. Belge et vivant sous un gouvernement parle-
mentaire, l'auteur veut sans doute engager les peuples a goûter les douceurs
de ce régime que nous connaissons ; il nous permettra peut-être, a nous.
Français! à peine échappés à l'orage, de n'en rien faire pour le moment.
« aujourd'hui plus que jamais, ajoute notre auteur le premier besoin
de la société est l'ordre. Non seulement la paix matérielle des cites et des
campagnes a été troublée, mais d'affreuses lueurs, éclairs sinistres d un
orage prochain, ont révélé à quelles profondeurs le desordre moral était
descendu C'est l'histoire de toute société qui tend à changer des principes
nui découlent de la vérité, et qui sont immuables comme elle, qui détruit
ainsi sa prospérité matérielle en ébranlant la solidité des bases morales qui
en sont le principal appui Frappé du bouleversement qui se préparait,
j'ai réfléchi et je me suis convaincu sans peine qu'au seul de la civilisation
européenne, beaucoup d'esprits avaient à se relever de la dégradation mo-
rale où ils sont tombés , que tel était le seul moyen d obtenir le calme , la
paix des états, l'unique base fondamentale qui peut maintenir ou créer
l'équilibre dans la richesse publique. Me persuadant que c est dans le passe
qu'on peut lire l'avenir, je l'ai rappelé dans ces études sur 1 histoire de
l'économie politique, en y joignant les influences diverses dont 1 action
s'est fait sentir dans la marche des siècles. » , , . .
Ce livre, sagement écrit, sagement pensé, révèle mieux quun écrivain,
mieux qu'un penseur, il indique un honnête homme. Malheureusement il est
bien peu de livres qui corrigent, et celui de M. Lysen aura do la peine a pé-
nétrer dans les classes populaires, en vue desquelles il est écrit. Qui donc
soneeà prendre volontairement un remède, surtout quand on ne se croit pas
malade ? Louons cependant M. Lysen de ses efforts, encourageons tous ceux
qui comme lui, désirent le bonheur de l'humanité, mais pour changer le cours
des'idées, pour ramener les égarés à la sagesse, comptons beaucoup sur la
Providence et un peu sur les événements. A. V.
AIMÉ VISGTRINIER, directeur-gérant.