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            DE L'ORIGINE DE LA POSSESSION ANNALE.                          159
De eu quivillam aliénant occupaverit,vel si duodecim mensibus
eam tenuerit ; ce qu'il traduit en ces termes : De la complainte
en cas de saisine et de nouvelleté dans l'an.
   Après avoir ainsi référé l'établissement de la complainte, parmi
nous, à la loi Salique, Pithou ajoute : « Falluntur qui D. Ludo-
vicnm regem, aut Simonem de Bucy jus istud, ante nescitum,
intra Franciam proquiritasse iradant. Ceux-là se trompent
qui pensent que cette action était inconnue en France avant
saint Louis ou Simon de Bucy. »
   II. L'erreur de Pithou et de tous ceux qui ont suivi sa version,
entre lesquels Laurière, Duplessis et Henrion de Pansey, pro-
vient de ce que tous ont mal compris le mot villa , qu'ils ont
traduit dans le sens d'une propriété particulière, tandis que,
dans le titre 48 de la loi Salique , ce mot a pour véritable et
seule signification l'arrondissemenl d'un territoire comprenant
un certain nombre d'habitants.
   Les termes de la loi Salique sont clairs : Si autem quis migra-
verit in villam aliénant, et ei aliquid infra duodecim mêmes
secundum, legeni contestatum non fuerit, securus ibidem con-
sistât sicut et alii vicini (1).
   Si quelqu'un a habité pendant douze mois dans une villa
étrangère sans qu'il se soit élevé de réclamation , qu'il y de-
meure en sécurité comme les autres habitants ! Voilà ce que
signifie ce texte. « Il ne s'agit point évidemment , dit
M. Pardessus (2), de l'homme qui serait venu s'emparer de
la propriété d'un autre, cas prévu dans les § 17 et 18 du titre
XXI ; car, si la disposition était faite pour protéger la propriété
privée, le consentement du propriétaire aurait suffi, et cepen-
dant une peine est prononcée dans le paragraphe 3, contre l'ha-
bitant qui accueille l'étranger, avant que le consentement de tous

   (t) Cette disposition qui est celle de l'art. 4 de la loi Salique révisée par
Charlemagne en 768 , formait l'art. 3 du litre 45 des textes primitifs de ecltc
loi, lequel art. 3 est ainsi conçu dans les textes primitifs : Si veru cpiis
migraverit infra XII mêmes teslalvs fuerit, secarv.s sicut et alii oicitii.
   (2) Loi Salique, p. 390.