page suivante »
ET AU LAC MAJEUR. o35 autre paquebot; nous descendons sur le lac de Brienz, pour aller chercher non loin de ses rives la cascade du Giesbach. Le bassin que nous traversons n'a rien qui puisse captiver notre attention^ la monotonie de ces montagnes grises et nues est à peine rompue par la tour de quelque temple caché dans l'anfracluosité d'un rocher, et là -bas, au bout de ce petit lac de cinq lieues, un rayon de soleil déchirant la nue dore les modestes habitations du village qui lui a donné son nom. L'air national du God save the queen, miaulé pendant une heure par une orgue de Barbarie adaptée à la proue du ba- teau ne nous paraissant pas une distraction suffisante, nous cherchâmes si le personnel des voyageurs ne nous offrirait point quelque compensation. Nous aurions été bien malheu- reux si, parmi une centaine d'individus rassemblés des qua- tre coins du monde, nous n'avions pas rencontré au moins un de ces originaux dont le vaudevilliste a dit : « Ces messieurs sont bien bons, vraiment, Démontrer pour rien des figures Qu'on irait voir pour de l'argent. » Nous le, ou plutôt, nous la trouvâmes. Figure-toi, mon cher ami, une face de parchemin, des yeux de chat, un bec de chouette, une bouche laissant voir deux ou trois dents oubliées par le temps, et, sous une vieille capote, quelques mèches de cheveux gris flottant autour de son visage comme des toiles d'araignée aux pans démembrés d'une masure... un de ces êtres, enfin, auquel on ne saurait assigner ni sexe ni âge... ! Et cela voyageait pour son plaisir ! el ce siècle et demi pensait trouver de l'agrément en courant le monde ! en pro- curer aux autres et à ses frais, je ne dis pas ! l'analyse de ce phénomène ludesque nous conduisit, au milieu d'éclats de rire mal étouffés, jusqu'à la barque pontée, amarrée dans l'échancruie d'une roche nue, servant de port de débarque- ment. La longue procession des touristes se déroule bienlôl