Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                    DES TABLES TOURNANTES.                       211
autre ordre d'expériences plus concluantes que celles qu'on à pro-
posées jusqu'à ce jour. Nous le répétons , la ressource de nier, de
crier à l'impossible, à l'absurde, de s'en prendre à l'éducation, A
l'instruction est un fort mauvais procédé scientifique, et d'autant
plus mauvais , qu'en cette occasion une bonne moitié du genre
humain peut donner un démenti pratique à l'incrédulité la plus
savante.
   Nous voici arrivé au Mémoire de M. Babinet. Ce savant acadé-
micien est automatiste ni plus ni moins que ses prédécesseurs. Il
rapporte, lui aussi, tous les effets de la superposition des mains
sur une table à « de petits mouvements désignés sous le nom de
mouvements involontaires, et dont il semble que nous n'ayons
point la connaissance. » Jusque-là, cette théorie ne diffère pas,
à proprement parler , des autres que nous avons analysées ;
ainsi, nous n'avons rien à ajouter à ce que nous avons dit. Qu'il
nous soit cependant permis une courte observation quant à la
forme dubitative qu'il emploie sur la question de savoir si nous
sentons ou non ces mouvements. M. Babinet dit qu'ils semblent
exécutés à notre insu. Il doute donc de la participation sensible
de notre part, ce qui serait cependant nécessaire de résoudre , at-
tendu que , si l'on ne croit pas à la possibilité de mouvements
volontaires ou involontaires inaperçus, il n'est plus besoin de se
donner la peine d'invoquer la physiologie et la mécanique en vue
d'expliquer un phénomène réduit aux proportions du jeu le plus
stupide.
    M. Babinet veut prouver, du reste, comme les autres, qu'il n'y
a rien d'étonnant à ce qu'une table tourne, se déplace, s'agite ,
pourvu que ses exercices se tiennent dans de certaines bornes. Le
côté original de la théorie de M. Babinet n'est pas dans le b u t ,
mais bien dans le choix des moyens dont il croit devoir se servir.
Frappé peut être de l'exiguité des mouvements relativement à
l'effet qu'on en obtient, il a soin de parer à cette objection, la
première qui se présente à l'esprit. Après avoir déclaré que ce
sont de petits mouvements, il ajoute aussitôt que ce sont des
mouvements énergiques, irrésistibles parce qu'ils sont naissants,
et que ces mouvements ont cela de particulier qu'ils sont petits,
mais très-intenses.
    Tâchons de nous faire une idée exacte de la nature de ces mou-
vements, qui, malgré leur énergie, doivent passer inaperçus delà
personne qui les excite. Les muscles, en général, automatiques ou
volontaires, peuvent se contracter, ou tout d'un coup, ou lente-
 ment. D'après les observations de MM. Prévost et Dumas , les fi-
 bres musculaires disposées en zig-zag peuvent opérer le rétrécis-
 sement de leurs angles, et, par suite, leur raccourcissement d'une
manière instantanée ou par degrés. En supposant même que la
 cause qui raccourcit ces fibres agisse instantanément, il faut croire
 néanmoins, ou que toutes les séries de zig-zag ne se retirent pas
 à la fois, ou que les fibres peuvent se contracter les unes après