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304 TABLEAU DE LA LITTÉRATURE DU NORD. sera bien récompensé, écartons seulement le brouillard va- poreux qui recouvre pour nous, comme jadis pour le héros d'Homère, les mystères du pays des Cimmériens. Nous com- parerons volontiers la poésie du Nord à ces sites des Dofrines ou Alpes Scandinaves dont M. Eichhoff retrace l'image. Tout semble d'abord masses informes et vapeurs; mais, au pre- mier rayon de soleil, au premier souffle de l'aquilon, les glaciers, palais d'azur, élincellent, et la vue ravie plonge sur les vallons, les lacs, les cascades. Telle surgit devant nous l'épopée Scandinave, qu'avaient déjà fait connaître à la Fran- ce les travaux de MM. Ampère, Marmier, Ozanam, et que M. Eichhoff a réussi à nous rendre encore plus accessible, malgré la difficulté du sujet. C'est ainsi que nous devons lui savoir gré de sa traduction élégante, quoique fidèle, du bel hymne delà création appelé Vision de Yala (1). Valospa, sybille norwégienne qui ressemble à celles de Delphes ou de Cumes, et descend de ces vierges hyperbo- réennes, si pures et si farouches, qui étonnèrent les Grecs à Delos, Valospa, dans son inspiration, «découvre neuf mondes, neuf cieux, l'arbre central de la terre, la création de l'homme et de la femme recevant d'Odin l'âme et la pensée; lesNor- nes, ces trois vierges instruites de toutes choses, instituant les lois et présidant comme les Parques à la vie des hommes ; l'influence des Ases, dieux supérieurs, tantôt violente comme celle de Thor, dieu de la force, tantôt douce comme celle de Balder, dieu de la bonté, qui a disparu de la terre; puis les Ases eux-mêmes, écrasés un moment sous le poids des ténè- bres, et engloutis dans l'enfer, dont ils ressortent triomphants (1) c Hliods bid ek allar helgar kindir, • e Meiri of minni môgu heimdallar, Vilda ek Volfodur vêl framtalia , Fornspiol fira thau ek Framst ofnam. »