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                     DES TABLES TOURNANTES.                         '217
    Nous croyons en avoir assez dit pour rendre inadmissible la
 théorie des mouvements naissants de M. Babinet, appliquée à l'in-
 terprétation des mouvements de la table tournante. La rapidité
 et l'énergie n'impliquent nullement la spontanéité et l'insensibi-
 lité. Le degré de force d'un mouvement et son instantanéité im-
pliquent, au contraire , la manifestation de la sensibilité, qui est
un des caractères des mouvements volitifs. Les mouvements cités
par M. Babinet sont des mouvements rapides, énergiques, consé-
quemment sensibles, volontaires, et précisément pour expliquer
le phénomène dont nous parlons, il fallait des exemples de mou-
vements d'un ordre tout à fait opposé.
    Nous ne suivrons pas M. Babinet dans tous les accessoires et
détails de son Mémoire, quoique nous eussions tenté de le faire
sans la crainte de nous éloigner un peu trop du sujet. Et cepen-
dant nous pourrions nous permettre quelques observations sur la
distinction qu'il veut qu'on fasse entre le possible et l'impossible,
la démonstration de l'impossibilité du mouvement perpétuel, la
doctrine sur la femme torpille, la transformation de la chance en
certitude avec le temps, le but des académies, l'illusion des in-
venteurs, l'origine des forces , ce que doit être un miracle pour
être cru, et beaucoup d'autres choses (puisque dans ce mémoire
il y a un peu de tout). D'ailleurs, comme tout cela ne se rattache
qu'indirectement et fort indirectement aux tables tournantes, nous
croyons que de même qu'il aurait pu atteindre son but sans le
secours de digressions d'une justesse fort contestable, nous pour-
rons atteindre le nôtre sans nous y arrêter.
    Cependant, parmi les diverses doctrines émises par M. Babinet,
il en est une que nous ne pouvons passer sous silence, et qui se
rapporte à la cause efficiente du phénomène. A différentes re-
prises il parle de la force musculaire comme cause inhérente au
muscle, et la distingue de la force nerveuse comme quelqu'un qui
est convaincu de l'existence de deux forces, l'une propre à la fibre
musculaire, l'autre aux nerfs ; ce qui vraiment n'a pas cours en
physiologie. Le langage ordinaire permet des expressions méta-
phoriques qui, transportées en physiologie, n'ont plus aucune signi-
fication. Telle est, entre autres,celle de la force musculaire destinée
à caractériser des muscles fermes, solides, constitués vigoureu-
sement. Mais pourra-t-on, comme conséquence de cette locution,
élever un caractère de la structure au rang d'une force active ?
Et le physiologiste pourra-t-il s'en servir comme cause efficiente
d'un mouvement quelconque ? Nous ne le pensons pas. Les causes
des contractions externes ou internes ne sont pas inhérentes aux
muscles. Cet organe n'est qu'un instrument constitué de manière
à pouvoir se contracter, mais par lui-même il ne possède pas de
force pour pouvoir le faire. Qu'on coupe ou qu'on comprime un
nerf, et après la soustraction de l'influence nerveuse on aura isolé
la force musculaire , qui n'empêchera pas que tout mouvement