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ET Al! LAC MAJEUIt. 471 pieds, plonge dans l'Àar, dont on peut suivre le cours au loin dans la campagne, tandis qu'en face se déploie la vaste et brillante chaîne des Alpes bernoises, dont les neiges étin— cèlent aux feux du soleil. Sous ces marronniers gigantesques circulent de nombreux promeneurs et une foule d'enfants qui rassurent sur l'avenir du monde ; tout à côté s'élève la ca- thédrale , remarquable par ses boiseries, la vaste dimension de sa nef, l'élégance de son chevet et la merveilleuse origina- lité d'un vitrail où s'est exercé l'imagination féconde et quel- que peu étrange de je ne sais quel imagier du moyen-âge. Tout au haut, un vieillard à barbe blanche porté sur un nuage et entouré d'une gloire d'or se penche comme pour contem- pler la scène étalée sous ses yeux et sur laquelle plane une colombe immobile. C'est dire assez qu'il s'agit là de Dieu le Père et de l'Esprit-Saint; au-dessous, velu d'une robe de pourpre, couronné du nimbe , Dieu le Fils jetle sous une meule les quatre évangélistes, caractérisés par leurs attributs symboliques; la meule tourne et broie ce froment des élus, qu! tombe dans un blutoir mystique en hosties sacrées. Plus bas, enfin, un pape et des évoques distribuent pieusement â la foule empressée le pain miraculeux. Devant la cathédrale, s'élève la stalue équestre d'Arnold, le vainqueur de Lauffen ; déjà , sur l'esplanade,nous avons vu celle deBertold de Zéringen,le fondateur de Berne,le lueur de l'ours (Berr) dont il lui donna le nom... Que ne les a-t-il tous lues! il nous aurait épargné les tourments d'une course interminable sous les ardeurs d'un soleil de plomb, pour aller contempler, dans des fossés introuvables, les armes vivantes de la ville, tournant, baillant et puant au nez des sots adirés parce beau spectacle. Pour mon compte, j'en avais assez, el nous nous hâ- tâmes de fuir Berne pour arriver à Thun , où je vous quille- Clément CARSIGNOL. [La mile fin prochain numéro).