page suivante »
124 PHILOSOPHIE CARTÉSIENNE. ils sont les interprètes, dont les premiers ils cherchent la for- mule et la démonstration et dont je revendique l'honneur pour la philosophie de Descartes. Charles Perrault qui, le premier, entre hardiment en lice pour soutenir la supériorité universelle des modernes sur les anciens, dans les lettres et les beaux arts, comme dans la phy- sique et les mathématiques, est, sauf quelques réserves, un disciple de Descaries. Le cartésianisme est un de ses argu- ments en faveur de la perfectibilité. Il proclame l'incompa- rable supériorité de Descartes sur Aristote et tous les philo- sophes anciens , et s'il critique quelques principes de sa métaphysique et surtout l'automatisme, qui lui paraît de trop dure digestion , il est entièrement cartésien pour la physique, et il déclare ne pas comprendre qu'on puisse expliquer les phé- nomènes autrement que d'une manière mécanique (1). Il dé- veloppe heureusement (2) la comparaison, déjà ancienne, de la vie de l'humanité avec celle de l'individu qui croît et se per- fectionne à mesure qu'il avance en âge. « Figurons-nous, dit- il, que la nature humaine n'est qu'un seul homme, cet homme aurait été enfant dans l'enfance du monde, adolescent dans son adolescence, homme parfait dans la force de son âge. Nos premiers pères ne doivent-ils donc pas être regardés comme les enfants et nous comme les vieillards et les véri- tables anciens du monde? » Il explique ensuite ingénieusement la prévention universelle où l'on est, que ceux qu'on nomme anciens sont plus habiles que leurs successeurs, par l'habi- tude qu'ont les enfants de voir que leurs pères et leurs grands- pères ont plus de science qu'eux , d'où ils s'imaginent que leurs bisaïeuls en avaient encore bien davantage. Ainsi, al- tache-t-on insensiblement à l'âge l'idée d'une science et d'une capacité d'autant plus grande qu'on remonte à des temps (1) Voir If, 5° Dialogue «lu VarnVhlv fies mirti'ns cl r/