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84                 EXPOSITION DE LA SOCIÉTÉ

   Hâtons-nous toutefois de reconnaître l'imagination , le goût
et la science de perspective que l'auteur a déployés dans la
plupart de ses compositions.
   Le tableau principal de M. Ponthus-Cinier est le n° 376 :
Paysans allant en pèlerinage à Rome. 11 est d'un bel effet : la
plaine traversée par une grande route montre bien toute sa gran-
deur; au total, c'est un beau tableau, bien que l'habileté en soit
la qualité dominante.
   M. Fonville père a maintenu sa réputation par deux compo-
sitions riches de fins détails, et occupant très-agréablement la
vue.
   M. Fonville fils s'inspire heureusement des exemples paternels.
   M. Léon Fleury, M. Thuillier ont fait preuve d'un talent fin et
gracieux dans les tableaux qu'ils nous ont envoyés.
   Le Caroubier de Kouba, par M. Courdouan, a des parties fort
inégales ; l'arbre qui fait le centre de la composition est peint
avec sécheresse ; mais le groupe d'Arabes et de Turcs rassemblés
sous son ombre se détache avec une grande vigueur ; la lumière
rejaillit éclatante sur les murs blancs des édifices, et la mer, dans
le lointain, douce et caressante, dessine un rivage d'une grâce
merveilleuse.
   M. de Curzon a deux tableaux, dont l'un surtout, une Maison
à Poitiers, est un petit chef-d'œuvre de perspective aérienne et
de pureté dans les lignes.
   M. Allemand affectionne les sites au milieu desquels l'homme
se souvient qu'il est l'esclave du travail, de la fatigue et de la
douleur ; son Marais de Charvieux, bordé de maigres roseaux,
entouré de terrains argileux et infertiles, nous montre la nature
telle que la voit le paysan lorsqu'il songe à ses durs labeurs, à
sa pauvre famille péniblement élevée. M. Allemand n'éveille pas
en nous des sensations agréables, mais il imprime aux sujets
qu'il traite une physionomie fortement accentuée, et qui fait
réfléchir.
   M. Appian s'est fait d'abord remarquer par de fort beaux
dessins au fusin ; depuis deux ans il nous donne des peintures
d'une originalité véritable. Il y a dans la végétation, dans les
eaux, dans la lumière de ses paysages, quelque chose de si
réel, que l'on croit vivre dans leuf atmosphère ; on respire les
effluves de cette mare échauffée par les rayons du soleil cou-
chant. De même que M. Allemand, cet artiste semble choisir les
paysages tristes et monotones ; toutefois l'impression qui résulte,
deses compositions ne s'adresse qu'aux sens, elle est énervante,
tandis que celle donnée par les tableaux de M. Allemand est
virile et forte.
   Comme nous le disions plus haut le paysage est le genre qui a