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548 UNE PROMENADE EN SUISSE plaine de Lungern, au milieu de la plus admirable forêt : comment vous peindre celte puissante végétation, ces arbres immenses dont les troncs s'élancent comme les mâts d'un navire, dont les cimes touffues se courbent avec majesté sous le souffle des vents ; de toutes parts se précipitent des flots de verdure qui vont se perdre dans les prairies déroulées à nos pieds;... ici, pas une crevasse où ne sourie une fleur; pas un rocher qui ne soit revêtu de mousse ; on dirait que la nature a voulu reposer nos yeux de tant de sublimes horreurs. A Lungern , nous retrouvons nos moitiés vagabon- des... mais hélas! combien peu ressemblaient-elles à ces fières Amazones qui s'en allaient naguère braver hardiment des dangers inconnus ! quelle émotion sur leur visage !... un bruit vague répété d'échos en échos pourrait nous faire croire qu'oubliant le pris de son fardeau, l'une des montures avait osé... mais silence! et respectons des secrets que les dames savent si bien se garder entre elles; examinons ensemble le costume pittoresque des femmes du pays et les façades des chalels couvertes d'écaillés de bois du plus singulier et du plus gracieux aspect; bientôt, serrés dans un char, je dis mal, dans une cage ouverte à tous les vents, traînés par deux forts chevaux, nous nous mettons en marche, à travers le canton d'Unterwald, et, sans être des plus rapides, le pas de nos coursiers nous laisse à peine le temps de jeter un r e - gard superficiel sur les contrées que nous traversons. Ici, la" route surplombe le lac de Lungern, fort court et fort étroit ; remarquable seulement par ses rives escarpées, et par le tra- vail gigantesque qu'entreprirent, il y a cinquante ans, les habitants du bourg, pour abaisser son niveau de quatre-vingts pieds environ, et conquérir sur son lit quelques arpents de terre et de prairies: c'est un tunnel d'une demi-lieue, creusé dans un rocher à travers lequel les eaux se déversent dans le lac de S amen se dégageant lui-même par KAa dans le lac