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                     ET AU LAC MAJEUR.                    547

ligure vraiment belle que nous ayons rencontrée dans toute
notre excursion! aimable enfant, avec quel gracieux sourire
elle reçut nos compliments... et nos batz!
    Pendant que nous nous démêlions péniblement avec les
ronces et la boue, nos dames se prélassant, et « comme un
évéque assises » nous avaient encouragés de leurs plus aima-
bles quolibets ; mais notre revanche se préparait ; et tandis
que, pour ne point quitter leurs chères montures, elles s'en
allaient, en femmes libres, tenter par d'affreux sentiers des
périls que le guide ne leur laissait pas ignorer, nous trouvâ-
mes, nous, les plus gracieux et les plus ravissants paysages :
tout d'abord c'est une verte prairie émaillée de mille
fleurs, ceinte d'une double bordure d'arbustes odoriférants
et de hautes futaies qui nous défendent contre les ardeurs du
soleil; dans ce petit coin, vrai débris du Paradis terrestre,
se promenait un monsieur, grave et sérieux comme un algé-
briste ruminant quelque équation ; c'était un entomologiste
fanatique, la filoche tendue et guettant depuis une heure,
sans jamais pouvoir l'atteindre, un papillon très-rare , mais
très-laid;... sa maigre et sèche figure, son nez interminable,
l'immense visière de sa casquette en tuyau de poêle, tout en
lui nous montre comme l'ombre de Cryptogamme achevant,
loin des poursuites A'Elvire et des crayons de Topfer, sa
burlesque odyssée. Après avoir gravement salué celte appa-
rition drolatique, nous poursuivons notre route enchante-
resse; elle nous porte sur un mamelon où s'élève, à l'ombre
de hêtres gigantesques, et planant pour ainsi dire sur
les sommets du Brunig et la vallée qui s'étend au loin
devant nous, une chapelle autrefois consacrée par la Suisse
entière à St-Nicolas de Flûe. Après quelques instants de r e -
pos à l'abri de ces murs vénérés où nos yeux retrouvaient
enfin la croix, nous descendons, d'abord par un escalier
creusé dans le roc, puis par un étroit sentier, jusque dans la