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BIBLIOGRAPHIE. 485 qui s'est levé sur le monde à la prédication de l'évangile et qui aussitôt qu'il s'est étendu de proche en proche parmi les peuples, a radicalement séparé leur existence ancienne de leurs nouvelles destinées. Dès-lors sous cet aiguillon, ils palpitent et se meuvent; des idées jusqu'alors inconnues frappent les esprits. De phase en phase, l'impression passe des relations individuelles aux relations sociales. Tout ce qui était auparavant séparé et isolé vient s'y grouper comme à un centre. Or, comment ce qui doit présider à perpétuité au développement et à la marche des peuples, pourrait-il s'immobiliser à une époque ou à une forme donnée ? si cela était, il faudrait donc que, dès cette époque arrivée et cette forme trouvée, le mouvement fût clos. L'histoire, à partir de ce jour, n'aurait plus de raison d'être. Non, le christia- nisme social n'est pas consommé et absorbé dans une époque ; il se fait sans cesse , pareeque le christianisme n'est pas venu pour que le verbe divin détruisît et remplaçât le verbe humain. Sa mission est, au contraire, que le verbe divin coexiste à côté du verbe humain, c'est-à -dire Dieu à côté de l'homme, la foi à côté de la raison, l'autorité à côté de la liberté. Ce qui nie le verbe humain, ce sont les fausses religions, ce sont les théocraties qui ne font bien des hommes qu'un faisceau, mais un faisceau mort et enveloppé d'un linceul ; ce qui nie le verbe divin, c'est l'or- gueil individuel qui ne veut connaître que sa poussière et ne sent pas le rapport supérieur en qui tout se lie. Le verbe humain coexistera à côté du verbe divin, parce que l'homme est une créa- ture de Dieu, indélébile et à tout jamais personnelle , mais l'homme ira s'épurant et s'éclairant toujours dans sa propre force et dans sa liberté, erreur de l'être distinct, au contact et à la lumière du verbe surnaturel. Et c'est ce qui doit faire notre confiance, car aussi longtemps que l'humanité marchera sous le reflet de cette lumière, elle s'a- vancera dans les dessins de Dieu et sous l'inspiration de sa pro- vidence dont la liberté humaine est l'instrument. Au sein de ces ténèbres qui se projetent sur notre avenir, l'histoire nous montre que les sociétés chrétiennes ont une grande mission et par con- séquent un grand avenir. Qu'importent les écueils ci les périls