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486 BIBLIOGRAPHIE. de la route ? Les peuples aussi sont faits pour le travail et pour les épreuves, et ils ont pour les traverser une force qui est en eux. et une force qui vient d'en haut, la liberté et la foi. J'ai dit ce qui me paraissait devoir être une philosophie de l'histoire, et, par là , en quoi je diffère du point de vue que M. Georges Gandy a adopté. La thèse que je soutiens, je ne puis me le dissimuler, est gravement compromise par les faits les plus récents, et les deux choses que je prétends unir sont, pour longtemps peut-être, dans la situation respective de croyan- ces ennemies. Mais, quand on s'élève au-dessus des passions actuelles pour se placer dans la spéculation philosophique , on ne dépend plus des circonstances, le domaine de la vérité pure est à l'abri de la fluctuation et du choc des événements; c'est l'a- sile inviolable où l'esprit corrige et reconstitue le monde réel suivant les conceptions et les plans d'un monde idéal. Puis, il vient un jour où la vérité philosophique devient opinion, c'est à dire, puissance. Mais, si la liberté littéraire et philosophique m'autorise à traduire, pour ainsi dire, le livre de M. Georges Gandy, au tribu- nal d'une théorie, je dois sortir de ce point de vue exclusif pour reconnaître d'ailleurs, dans cet ouvrage une valeur remar- quable. L'érudition, en se resserrant dans les limites trop ' étroites d'un abrégé, se met dans l'impossibilité d'établir les trésors qu'elle a recueillis, mais elle n'a que plus de mérite pour se résigner à un rôle moins éclatant ; et elle requiert alors deux qualités fort rares et qui font d'un abrégé historique une œuvre difficile ; je veux dire la précision et la clarté. M. Gandy a puisé à nos bonnes sources historiques ; toutes les fois qu'il n'a pas été entraîné par la partialité de son point de vue, son style est pur et clair. J. MORIN.