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                           BIBLIOGRAPHIE.                          481
se sert de l'épée, périra par l'épée. C'est l'effet de l'inclinaison de
notre âme vers la terre, le triomphe graduel de l'esprit qui nous
relève et le grand spectacle de la vie de l'humanité.
   Telle devrait donc être la philosophie chrétienne de l'histoire:
montrer l'idée chrétienne se dégageant comme une pure lumière
des ténèbres humaines, apparaissant partout comme un élément
impérissable de vie, même au sein des ignorances et des pas-
sions, s'unissant atout ce qui est bien, réprouvant et éloignant
tout ce qui est mal, pénétrant dans toutes les voies de l'esprit,
imprimant et guidant tout mouvement dans le sens du progrès,
et faisant tomber toute force brutale. Mais il ne fallait point con-
fondre la force brutale avec cette puissance de l'esprit, lors même
qu'elle se présentait comme son auxiliaire, car elle en est le con-
traire et l'antipode.
   Ce qui nous semble avoir égaré les historiens prétendus catho-
liques, c'est qu'ils ont cru devoir adopter une méthode directe-
ment opposée à celle qu'avaient suivie les philosophes anti-chré-
tiens du XVIIIe siècle. Ceux-ci avaient pris pour rôle de rendre
le christianisme responsable des superstitions qui s'y étaient
mêlées et des violences qui l'avaient souillé. Parce que dès le
premier jour, il n'avait pas pénétré complètement dans les mœurs
et dans la civilisation, ils l'ont déclaré incapable de constituer
une société libre et éclairée ; ils l'ont condamné au nom des lu-
mières et proscrit au nom de la liberté. Ils ont refusé de l'ad-
mettre comme un germe qui, pour se développer, demandait le
travail du temps et des générations. Nos apologistes ont, de leur
côté, fait de l'histoire à leur guise et au contrepied de celle de
leurs adversaires. Au lieu de discerner le bien et le mal, en mon-
trant le mal comme un alliage humain, ils ont tout loué, le bien
et le mal, la charité et la férocité, la parole et le glaive, la lumière
et la superstition. Le nom de chrétien leur a paru tout couvrir
 et tout justifier, et ils ont mieux aimé faire remonter complè-
tement la moisson jusqu'au jour de la semence, que de convenir
qu'elle va chaque jour étendant ses trésors sur une humanité
plus avancée dans la perfection.
   Sans doute le christianisme a une base absolue, c'est la vérité
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