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480 BIBLIOGRAPHIE. est le principe et l'agent. C'est cette école qui, à la place de la li- berté, a mis la contrainte matérielle, et qui trouvant une époque historique où le mélange des passions et des erreurs terrestres avec la doctrine de salut, avait introduit cette confusion payenne du gouvernement divin et du gouvernement humain, en a fait un âge d'or, une ère modèle, que l'histoire doit regretter et vers la- quelle toutes les tendances doivent se retourner. C'est cette école qui a sacrifié la raison à la tradition, mais ce n'est pas une tra- dition féconde qui, en liant l'avenir au passé, se débarrasse sur sa route du bagage des fausses idées et des notions incomplètes, pour faire ressembler l'humanité à un homme qui va s'enrichis- sant chaque jour des conquêtes de son travail et de son expé- rience. C'est, enfin, cette école qui s'imaginant faire du catholi- cisme, ne fait que de l'ultramontanisme, à prendre ce terme non pas dans l'acception de l'unité spirituelle maintenue par l'indé- pendance réciproque des pouvoirs divins et humains, mais dans le sens des luttes qu'entraîne l'absence des limites, luttes où l'usurpation d'un côté appelle et provoque sans cesse l'usurpa- tion de l'autre. Ce fut une protestation d'étonnement et d'indignation dans le monde chrétien, lorsque s'y introduisit cette violence matérielle qui frappa du glaive des erreurs religieuses, mais le monde civi- lisé s'abîmait dans les flots de l'inondation barbare, ii s'anéan- tissait avec sa corruption et sa faiblesse, mais aussi avec ses lu- mières. Il fallait que, de ce chaos des éléments renversés, sortît avec le cours des siècles, un ordre nouveau qui devait s'élever au-dessus de l'ancien de la hauteur indéfinie de cette.idée encore inconnue, le progrès. Il fallait que dans cette nuit profonde ap- parût d'abord une lueur incertaine, puis l'aurore et enfin un jour brillant. Jusques là tout était livré à la force brutale , même la doctrine de paix et de miséricorde. Un roi barbare entendant prêcher la passion du Christ, s'était écrié : que n'étais-je là avec mes Francs ! Cri de l'homme terrestre que le Dieu sauveur avait déjà condamné aux pieds du Calvaire dans la bouche de son pre- mier Apôtre. Mais ce levain de la nature matérielle est toujours là qui renaît sans cesse, malgré la divine sentence : quiconque