page suivante »
ET AU LAC MAJEUR. 467 mières passent courbés sous des hottes bizarres assez sembla- bles à ces vaisseaux en bois dont on se sert, à Lyon, pour porteries bains à domicile. Mais voici Bulle, halte promise à nos chevaux et où nos estomacs doivent aussi se restaurer. En attendant, nous vi- sitons cette petite ville, propre, élégante, gracieuse, et comme serrée contre les hautes montagnes qui la dominent de leurs sommels couverts de sapins sous lesquels scintille un reste de neige oublié par le soleil. Sur la place , régulière et ornée de maisons d'un aspect agréable, s'élève un tilleul des plus curieux; ses branches inférieures, horizontalement dis- posées et soutenues par des piliers de pierre, forment une vraie galerie de verdure, tandis que son faîte touffu s'arrondit en pavillon embaumé. Ici, ma chère , nous sommes dans le canton de Fribourg , pays ami , je veux dire catholique , et nous n'avons garde d'oublier les deux églises qui s'y trouvent ; mais je ne puis noter que leur décence et leur propreté. Pour vous peindre les tableaux qui s'offrent à nous en sortant du petit village deRienz^ j'aurais besoin, ma bonne sœur, de la plus brillante palette , et encore reslerais-je bien loin de la réalité. Nous traversons comme un parc sans limites , et, à chaque pas, s'offrent à nos yeux les beautés les plus diverses, les as- pects les plus variés. Tout d'abord le paysage s'élargit, et, s'é- levant en collines gracieusement ondulées , —ici, vastes prai- ries, Ià ,blésjaunissants;—monte jusqu'au pied des montagnes, murailles infranchissables , couronnées de verdure et dorées par les rayons du soleil ; plus loin, un mamelon, immense corbeille de fleurs, s'arrondit autour d'un bouquet de hê- tres gigantesques, dont le feuillage frissonne sous l'haleine du vent; là , des flancs grisâtres d'un vallon profondément coupé s'élance un ruisseau dont les eaux rapides battent de leurs flots écumanls les pieds de tours antiques, débris délais-