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468               UNE PROMENADE EN SUISSE

ses d'un vieux manoir qu'un pont suspendu, jeté sur ce pré-
cipice , relie à un château moderne, orgueilleux successeur
des vieilles ruines tristes et méprisées ; puis, enfin, la route se
glisse entre deux rideaux de sapin , dont les troncs, soigneu-
sement alignés, bordent une prairie ondulée,brillante de mille
fleurs et embaumée de parfums, tandis que leurs cîmes dé-
coupent dans l'azur des cieux de capricieux festons.
   C'est ainsi que nous arrivons à Fribourg, la ville des églises
et des couvents. Nous franchissons ses remparts élégants, dé-
fense inutile coutre l'ennemi, mais asile sûr pour les prome-
neurs , qui, sous leurs voûtes, trouvent un abri impénétrable
auxraffales et à la pluie.
   Fribourg n'est pas une jolie ville dans l'acception bour-
geoise du mol ; j'en connais peu cependant de plus pittores-
ques , bâtie qu'elle est sur un immense rocher dont les flancs
noirâtres et taillés à pic disparaissent, pour ainsi dire, sous
un réseau d'arbustes verdoyants, tandis que ses pieds tom-
bent dans la Sarine , qui forme autour de lui comme une cein-
ture d'argent. Les rues ne sont pas régulières, mais elles sont
propres et bordées de maisons mêlant, dans une agréable va-
riété, toutes les fantaisies de l'art gothique aux richesses exu-
bérantes des constructions italiennes du siècle dernier. Un
peu dans la campagne, s'élèvent sur un mamelon les trois ailes
gigantesques du pensionnat des Jésuites, ruche bruyante na-
guère , aujourd'hui silencieuse et vide ; plus loin , au milieu
d'arbres touffus, on entrevoit quelques opulentes demeures;
puis, au-dessus de tout cela , s'élancent vingtflècheset clo-
chers que domine la tour de la cathédrale, seule partie de cet
édifice digne d'une véritable attention.
   Vous pensez bien que, de ce jugement, sont exceptées les
orgues fameuses, qui seules valent une halte à Fribourg ; ce
magnifique instrument est digne de toute sa renommée , et
l'habile organiste n'épargnait rien, à coup sur, pour en faire