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ET AU LAC MAJEUR. 463 cet admirable séjour, le Nice ou le Tibur de la Suisse. Comme ce lac vient mollement baigner le rivage! comme ces flots, à peine ridés par la brise, le carressenl avec amour! De riches collines forment au-dessus de la ville comme une couronne de verdure , de fruits et de fleurs, tandis que devant elles s'éta- gent les noires montagnes du Valais, encore marbrées de neiges étincelanl dans leurs flancs assombris. En dehors de cet aspect enchanteur, deux choses captivent à Vevey toute notre attention. C'est d'abord \'hôtel, je dis mal, le palais des l'rois cou- ronnes. Peut-être en esl-il peu qui l'égalent pour le grandiose des dimensions , l'élégance des appartements , le luxe re- cherché de la table et l'exquise urbanité du service. Placé a l'extrémité de la ville , un pied dans la cam- pagne , il s'élève sur une terrasse contre laquelle frappent les eaux du lac; un jardin embaumé, qu'ombragent des ar- bres touffus s'ouvre devant une galerie aux colonnes doriques où, nonchalamment étendus et doucement caressés par la brise, savourant le café et humant les flocons légers d'un cigare aux cendres argentées, on jouit du plus magique coupd'œil. Non loin de là , et toujours sur les bords du Léman , se présente un manoir gothique aux fenêtres cintrées, aux pi- gnons aigus, aux capricieuses dentelures , surmonté de cinq aiguilles dont le soleil fait étinceler les cîmes dorées. C'est la retraite d'un riche et noble habitant du pays, qui, sur les ruines de l'ancien donjon où commandaient ses pères, a cons- truit une habitation princière, dans le style qui relie le moyen âge et la renaissance. Grâce à l'obligeance de notre hôte , nous avons pu visiter l'intérieur de celle opulente de- meure et admirer avec quel soin religieux sa décoration avait élé mise en harmonie avec l'architecture. Là point d'anachro- nismes, pas de barbarismes, pas même le plus petit solécisme;