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 462               UNE PROMENADE EN SUISSE



                        LETTRE IL
                           A M1'1" J. D .

                                            Le 22 juillet 1850.

    J'ai laissé Alexis à Genève, et c'est là où je vais te prendre
 avec moi sur le bateau à vapeur pour te conduire à Vevey.
 Tu connais assez la délicieuse navigation du lac pour qu'il me
 soit permis de ne pas entrer à ce sujet dans de trop grands dé-
 tails , et en te nommant Coppel, Nyon , Morges, Roi les,
 toutes ces petites villes qui baignent leurs pieds dans l'onde
 et cachent leur tête dans la verdure , je ne prononce pas des
 noms nouveaux , mais bien plutôt éveillé—je d'anciens sou-
venirs.
    Le paquebot rapide fend les eaux de sa proue acérée et
brise celle nappe que l'on croirait solide tant elle est unie.
 Quelle transparence ! quel azur ! Les roues , vivement pres-
sées, la réduisent en une poussière de diamants ; derrière elles,
retombant en pluie étincelanle, les flots dispersés s'irrisent
aux rayons du soleil, puis , se pressant auxflancsdu navire ,
fuient et déroulent au loin leurs orbes éblouissants.
    Salut à Lauzanne ! combien nous regrettons de ne pas ap-
procher de plus près les beautés que la coquette laisse à peine
entrevoir. Au milieu d'arbres touffus , reposant sur de verts
tapis, ses blanches maisons semblent se dresser pour mires-
dans les eaux leurs rianles façades, tandis que les vieilles
tours de la cathédrale s'élèvent graves et majestueuses, comme
pour rappeler au voyageur frivole qu'il esl d'autres mondes
et un autre voyage qu'un jour nous ferons tous.
   C'est au milieu de ces réflexions et d'autres moins sévères
que nous arrivons à Vevey , par un soleil brûlant et une cha-
leur tropicale. Vevey ! fais-toi conter par El.,', les délices de