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                 LA CHAPELLE DE LA VIEKUE.                   451
   La différence qu'on remarque entre Victor Orsel et les
artistes du XVIe siècle qui s'inspirent des chefs-d'œuvre de
l'antiquité est celle des bas-reliefs d'Egine aux métopes du
Parthénon. Persuadé que plus les formes de l'art sont primitives
plus elles se rapprochent de la rigidité du dogme, il a cherché
les lignes simples, les contours arrêtés, les attitudes un peu
roides et l'aspect archaïque des vieux sculpteurs grecs. La cha-
pelle de la Vierge, à Notre-Dame-de-Lorette, a fourni au peintre
une heureuse occasion d'appliquer ces théories. Cet important
travail a usé les dernières années de sa vie, et il est mort
laissant quelques panneaux vides qui ont été achevés pieuse-
ment sur ses cartons ou d'après son tracé par des élèves
fidèles.
   Lorsque l'artiste obtint sa chapelle, les sujets historiques de
la vie de la Vierge étaient déjà pris par les peintres chargés
de décorer la nef et le chœur; il y avait de quoi embarrasser un
esprit moins profondément imbu de la poésie du catholicisme
et du parfum mystique des légendes sacrées. A cette chapelle
consacrée spécialement à Marie, Victor Orsel fit chanter les
litanies de la Vierge, hymne peinte qui ne s'interrompt jamais
et déroule ses versets sur les pieds-droits, les pendentifs, les
pénétrations, et monte comme un rhythme liturgique vers le
trône de la mère du Sauveur.
   Chaque appellation des litanies, cet adorable poème où le
dévot semble s'endormir dans son extase comme un derviche
tourneur, sous l'incantation des épithètes accumulées, a fourni
au peintre le thème d'un tableau, ou d'un caisson, ou d'un
 ornement, car rien n'est donné au hasard dans cette œuvre
religieusement consciencieuse, et le moindre détail se rattache
 au sens général par un symbolisme ingénieux et neuf.
    Les demi-coupoles et les archivoltes, recouvertes d'un fond
 d'or, représentent, par leur éclat et leur hauteur, comme la
 région céleste de la composition. Là Victor Orsel a placé les
 scènes diverses ayant trait à l'apothéose de la Vierge. La mère
 du Sauveur, la reine du ciel, la reine des martyrs, la reine des
 vierges, la reine des patriarches se détachent sur une mosaïque