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	F.-R. DE LA MENNAIS. 387 décisions qui ont frappé les doctrines de cet homme au nom de Dieu même?... Nous le croyons et nous aimerions à l'accomplir nous-même avec tout le zèle que la foi a mis en nous ; mais, pour le bien faire, ne faudrait-il pas, et plus de science que nous n'en avons, et plus de temps que la majorité des lecteurs n'en veut consacrer à ces choses ? Force nous sera donc, pour ce double motif, de renoncer à suivre pas à pas le fil sinueux de la pensée-mère de l'auteur à travers tous les riches détails d'art et de poésie qui le recouvrent dans ses nobles œuvres, et de nous contenter de signaler les gé- néralités les plus hautes de ses doctrines à partir de son brillant pointde départ jusqu'à sa déplorable fin. Peut-être même qu'ainsi condensées, ces appréciations seront plus saisissables pour tous les esprits. Le plus réel reproche que semble mériter la vie intellectuelle de M. l'abbé de la Mennais, celui qu'on lui a le moins épargné, c'est évidemment d'être inconséquente et, par là même, remplie des plus incroyables contradictions. C'est là l'argument qu'on juge le plus irrésistible contre lui ; et, lui-même l'a bien senti, lorsque, honteux de ses opinions anciennes en face de ses nouveaux amis, il semble leur demander grâce pour la faiblesse de son esprit en considération de sa sincérité. A coup sûr, si la véritable philosophie humaine n'est que prin- cipe, déduction logique et conclusion, si elle doit être, en un mot, une comme la vérité son divin objet, c'est un fâcheux reproche à encourir que celui de contradiction et d'inconséquence ; et nul n'autorise mieux contre lui les sévères jugements, les induc- tions passionnées et les récriminations amères: nul ne s'annulle plus absolument que celui qui l'encourt. C'est le vrai décou- ronnement du génie par ses propres mains ; c'est son sui- cide le plus honteux ! C'est si grande chose, en effet, que de mettre dans sa vie cette unité successive de pensée qui apparaît sur elle comme un long reflet de l'immuable et éternelle unité de Dieu ! C'est à ce sceau sacré que sont marqués tous les vrais grands hommes. IJ sem-
