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                      F.-R. DE LA MENNAIS.                       385
lui-même, objet suprême delà seule vraie religion.—Mais pour-
quoi a-t-il abandonné l'Eglise ? là est toujours la question.—Que
les premiers donc disent : impuissance ; les seconds : orgueil ;
les troisièmes : impiété ; ces solutions isolées ne sauraient suf-
fire ; car elles ne sont chacune , dans le fond, que l'allégation
d'un fait intime bien difficile à constater. Elles ont de plus, il
faut bien le dire, le grave inconvénient de prêter à des inter-
prétations injurieuses de la part des ennemis de l'Eglise, tou-
jours empressés et ravis de mettre sur le compte des regrets et
 du dépit, que doivent lui inspirer, selon eux, d'aussi éclatantes dé-
fections , les condamnations dont elle frappe , avec tant de
 droit pourtant, de si hautes mémoires. En effet :
    L'erreur religieuse, qui est essentiellement anarehique, ne
 comprend pas la force des principes constitués. Elle ne reconnaît,
 et encore avec quelle répugnance! que les supériorités naturelles
 et de fait. Et c'est pourquoi nous voyons les ennemis de l'Eglise
 se grouper, d'ordinaire, derrière les intelligences supérieures qui
 formulent le mieux leurs erreurs, et les prendre pour ses chefs,
 avec une modestie qui serait très-méritoire en ces indépendants,
 si elle ne leur était imposée par la rage de leur personnelle im-
 puissance ! Ainsi raisonnent-ils de l'Eglise. Ils lui supposent pour
 chefs, ceux qui ne sont que ses soldats obéissants ; et lorsqu'ils
 les voient trahir la cause sainte et passer dans leurs rangs, ils
 battent des mains comme si l'Eglise était décapitée. Vain espoir !
 Si grands, si regrettables que soient à ses yeux les services de
 ses enfants les plus puissants par la pensée, l'Eglise n'en a pas
 besoin pour vivre ; et lorsque ces enfants, privilégiés de Dieu
 pour sa défense, prévariquent, elle n'a à s'émouvoir de leur
  abandon que pour eux et non pour elle ; elle les pleure comme
  une mère ses fils premiers-nés : mais sa puissante hiérarchie ne
  souffre pas plus de la chute de Tertullien et de Luther qu'elle
 ne gagne à la persévérance d'Athanase et de Bossuet. Gardienne
  et interprète d'une doctrine qui vient de plus haut que le génie
  et le talent, elle la porte avec cette confiance absolue que Dieu
  lui a donnée, dès les premiers jours, en choisissant les faibles
  pour confondre les forts, et les fous les sages. La folie de la
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