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F. R. DE LA MENNAIS.
APERÇU SUR SA DOCTRINE PHILOSOPHIQUE.
Un homme vient de quitter ce monde après l'avoir rempli de
tout ce qu'une vie intellectuelle peut réaliser de gloire, de scan-
dale et de bruit.
Successivement prêtre royaliste, prêtre philosophe, prêtre dé-
magogue et prêtre renégat, il a épuisé, dans l'accomplissement de
ces diverses évolutions de son intelligence et de son âme, toutes
les puissances d'un talent splendide, d'un indomptable caractère,
d'une sincérité réelle et d'un incontestable désintéressement.
Prêtre de Jésus-Christ, il a faussé la foi jurée ; ardent défenseur
des trônes, il a audacieusement passé dans la bande de leurs dé-
molisseurs ; philosophe de haut rang, il est descendu dans le bas-
fond des pires vulgarités de la doctrine démocratique. Mieux en-
core , suivant en cela la marche inverse des idées actuelles, le
prêtre s'est fait mécréant, le royaliste s'est fait révolutionnaire,
le philosophe s'est fait sophiste, alors précisément qu'éclairé par
d'éclatantes catastrophes, les mécréants mêmes se faisaient fi-
dèles : les révolutionnaires, royalistes : et les sophistes, philoso-
phes. Et l'infortuné, sous le poids humiliant de tant d'apostasies
de l'esprit et de l'âme, trouvait cependant encore en lui-même
assez d'audace pour redresser la tête et se poser en Jérémie de
la raison, au milieu des ruines de ses pensées.