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                       F. R. DE LA MENNAIS.                        3H3
   Puis, après cette vie d'athlète , mêlée à toutes les agitations
scientifiques, politiques et religieuses de son âge, après ces in-
cessantes transformations d'esprit qui auraient dû engendrer au
moins en lui une modeste défiance de ses forces, après ce long
désenchantement d'efforts évanouis et de vaines recherches d'u-
topies, à travers les tempêtes si imprudemment provoquées par
lui-même sur l'océan de l'inconnu ; après, dis-je, tous ces excès
de l'esprit, on a vu cet homme reposer tranquillement sa tête
sur l'oreiller d'une doctrine qui lui semblait nouvelle, et, se dra-
pant dans les plis de sa défroque philosophique, s'arranger pour
y flnir à la façon des sages antiques, avec des sentences et
même des prophéties sur les lèvres ; puis mourir enfin, au dire
de ses nouveaux amis, avec une sérénité d'âme et une tranquil-
lité d'esprit telles qu'elles ont glacé de stupeur tout homme pé-
nétré du sentiment de l'unité de la vérité et des responsabilités
qu'elle impose.
   Cet homme étrange, qui ne le nommerait? n'est autre que M.
l'abbé F. R. de la Mennais.
   Assurément une telle vie est l'un des plus singuliers phéno-
mènes de l'ordre moral qu'ait produit notre époque. Du cercle
étroit de la biographie anecdotique, elle passe dans la large
sphère de l'histoire de l'âme humaine ; elle provoque l'esprit
comme un problème qu'on doit résoudre ; elle le suspend et le
déconcerte ; car on ne se peut faire à l'idée de tant d'intelligence
associée à tant de versatilité et de sécurité.
   Mais qui pourra rendre compte de ces incroyables change-
ments? qui en signalera surtout la cause originelle la plus effi-
ciente?... Utile labeur!mais grand labeur!
   Les uns croiront la trouver dans cette infirmité incurable de
toute intelligence humaine, si nettement posée, du reste, en
principe par cet homme lui-même en tête de ses théories pre-
mières. Mais cette explication est faible et tourne au cercle vi-
cieux ; car l'œuvre, quelle qu'elle soit, atteste l'ouvrier, et fournit
à chacun de ses lecteurs, même les plus hostiles, les preuves
manifestes de l'énergie d'esprit la plus puissante.
    Les autres, mieux avisés, peut-être, scruteront le cœur de