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312         TABLEAU DE LA LITTÉRATURE DU NORD

    La grande figure de Luther se montre au donjon de cet
antique château de Wartbourg , jadis témoin des tournois
des chevaliers et des défis des chanteurs ; on entend sa voix
sévère ; son inspiration toute religieuse , digne sœur de l'ins-
piration qui trouva la belle musique du Choral devenu depuis
si célèbre, éclate dans la prière touchante du chrétien mourant,
prière que le Réformateur répétait encore lorsque la mort
pesait sur ses lèvres:
        « Mit iïied und freud ich fahr dahin ;
        In gottes wille,
        Gctrost ist mir mein herz und sinn
        Sanft und stille. »

  Et maintenant le moyen âge est bien mort ; chaque Étal,
Allemagne , Angleterre , Russie va dégager les éléments
constitutifs de sa nationalité politique et littéraire. A partir
du XVI e siècle, ce ne sera pas trop de leur accorder à chacun
une étude spéciale , une histoire séparée. Espérons que
M. Eichhoff sera tenté de continuer sa marche dans celte
grande voie, via sacra , foulée par lanl de peuples divers r
mais s'acheminanl lous vers un môme but, la civilisation ,.
comme les Barbares jadis , vers la Ville éternelle.
   Nous le répétons en terminant, jamais il n'y eut un intérêt
plus actuel à nous rapprocher des nations de l'Europe, civilisées
ou demi-barbares. Quelles que soient les voies mystérieuses
de la Providence , nous marchons à son but : par la douce
paix ou par la guerre sanglante , peu importe aux yeux de
Dieu qui conduit les hommes et les empires. Il faudra bien,
à la fin , que tous les hommes se retrouvent et se disent en
essuyant leurs blessures et leurs larmes : « Et toi aussi , lu
étais mon frère.... ! »
                                  Edouard DEGEORGE.