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             TABLEAU DE LA LITTÉRATURE DU NORD.             311

morisles, de satiriques originaux qui mêlenl à l'observation
moqueuse les fantaisies et les caprices d'une libre imagina-
tion. Ces enfants indisciplinés, mais aimables , seront plus
tard une des gloires de l'industrieuse Albion. Les citations
qu'a faites M. EichhofF, des Contes de Canterbury , sont
pleines de charme et de verve ; elles suffisent pour donner,
aux personnes qui ne connaissent pas ce poète déjà ancien ,
un vif désir de lier avec lui des relations plus intimes.
   Enfin, l'Allemagne de la Réforme nous est annoncée,
avant même Luther et Ulrich de Hutten , par la satire
plaisante el sérieuse des vices de l'époque , des cours, des
princes et des moines, rimée par les humbles artisans de
Nuremberg ou de Strasbourg. A côté de cet élément nouveau,
qui présage l'enfantement laborieux de la Réforme el des
temps modernes , on retrouve des traces de la rêverie juvé-
nile des Minnesinger. C'est par l'amour de la nature que les
Meistersinger renouent leurs poèmes critiques aux chants
d'amour el de gloire de leurs brillants devanciers, ainsi
qu'on peut le remarquer dans le poème de Reineche Fuchs,
le Renard allemand (1).
   Un sentiment religieux plus sévère éclate dans le mouve-
ment du XVI e siècle. L'auteur, après avoir esquissé la série
historique des siècles , va nous laisser sur les confins du
moyen âge el de l'ère actuelle, avec le cantique de l'humble
et pieux artisan Jean Sachs , qui s'applique si bien , dans sa
sincérité touchante, à toutes les conditions de la vie. «Pour-
quoi donc t'affliger, mon cœur, pour un bien périssable; confie-
toi en Dieu qui sait bien ce qui le manque? »

  (1) Voici le début de cette satire :
         « Es war an einem iiiayentug ,
         Wie blum und laub die kiospen brach ,
         l)ic kraûlcr sprossten ; froli crklaug
         Im hain der vogel lobgesang- »