page suivante »
310 TABLEAU DK LA LITTÉRATURE DU NORD. tout génie , et que Shakespeare tendait la main , à son insçu, à Sophocle et à Euripide , comme le troubadour guerrier de l'Autriche, en errant dans les champs solitaires de la tradi- tion gothique, a rencontré par hazard le divin rhapsode d'Ionie. M. Villemain , il y a déjà quelques années , eut le courage d'énoncer , sous une forme vive et spirituelle , In première de ces vérités. Félicitons M. Eichhoff d'avoir l'hon- neur de défendre et de faire triompher la seconde. Ferons-nous la criiique des détails avec lesquels l'auteur du Tableau de la Littérature du Nord a abordé l'histoire générale du moyen âge? Non certes , la littérature n'est pas plus indépendante de l'histoire qu'elle ne l'est de la linguis- tique, et si la critique littéraire a fait quelques progrès chez nous, c'est au progrès môme des études historiques, propre- ment dites, que nous le devons. D'ailleurs , il y a un talent remarquable d'exposition, une clarté parfaite dans les résumés rapides de l'époque d'Othon 1 er ou de Grégoire VII. L'es- quisse plus longue de l'histoire des Croisades, n'est pas hors de propos; sans ce commentaire vivant, comment comprendre le sentiment chevaleresque qui règne dans la plupart des compositions des Minnesinger, ou les allusions aux symboles et à la science de l'Orient , dont quelques-uns , tels que Klingsor ou Wolfram d'Eschenbach s'étaient pénétrés dans le courant de leurs études ou de leurs lointains voyages ? Aux pathétiques récits des vengeances de Oimhilde , succèdent des tableaux plus récents. M. Eichhoff nous ache- mine vers la Renaissance , en faisant un détour de l'Italie à l'Allemagne, et de l'Anglo-Normand des ballades anglaises, au dialecte saxon que balbutie la muse populaire des Meister- singer. En Angleterre, Chaucer, ce page d'Edouard III , qui fit partie d'une ambassade en Italie . où il s'inspira sans doute de Boccace ; ce poète de cour, étudiant , voyageur, exilé , est le premier en date de celte curieuse lignée <ï'hn~