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302 TABLEAU DE LA LITTÉRATURE DU NORD. marchant sur une ligne toujours parallèle aux langues qui les expriment, M. Eichhoff a dû porter dans l'examen des œuvres littéraires cet esprit de comparaison, cette vue lumi- neuse d'une origine commune, ce sentiment « d'une chaîne infinie, qui rattache les habitants du nord à l'antique foyer de lumière qui avait éclairé le midi. » Esprit net et métho- dique, malgré l'étendue et la diversité de ses études, M. Eich- hoff était très-apte à présenter une revue attachante et claire de la littérature septentrionale dont il élailimbu dès ses pre- mières années. En même lemps, classique par goût, ainsi qu'il l'a prouvé dans ses études grecques sur Virgile, M. Eich- hoff était porté à chercher un milieu enlre l'Orient et le Nord ; ce milieu, on le devine, c'est le génie d'ordre et d'har- monie au sein môme de l'inspiration qui fut le don immortel de la Grèce. Cette tendance convient éminemment à qui veut initier notre pays si craintif encore, quoi qu'on en dise, de- vant toute hardiesse de l'imagination, à des conceptions au- dacieuses, au moins toujours originales. De plus, les voyages lointains de l'auteur lui donnaient cette souplesse d'esprit cosmopolite sans laquelle nous ne comprendrons jamais autre chose que nous-même , un autre génie que celui de la patrie. Nous aimons a rappeler ce que dit M. Eichhoff de l'élude des littératures étrangères : « Chaque phase politique, chaque progrès intellectuel ou matériel, rend de plus en plus indispensable cette élude. Loin de nuire à l'admiration que commandent les chefs-d'œuvre de la Grèce el de Rome, elle les fait mieux apprécier en ouvrant à l'esprit des aperçus nouveaux, elle étend la sphère des idées sans altérer en rien leur rectitude, elle produit une sympathie plus vive pour l'humanité tout entière. » Le livre qui nous occupe peut être considéré comme un tableau des voyages de l'Ulysse indo-germanique, qui se nommera tour à tour Hindou , Celte, Goth ou Slave, el se